Ceux qui me connaissent seront peut-être surpris que je me sois risqué à un film comme celui-là. C’est vrai qu’il suffit de lire le pitch pour comprendre qu’avec cette « 5e vague », on va avoir un bon vieux film catastrophe-série B à base d’invasions basiques d’extra-terrestres. Mais bon, au risque de surprendre, le concept en lui-même ne me dérange pas. Au contraire, moi j’aime les ambiances post-apocalyptiques et pour moi tout prétexte est bon, pourvu que le propos est malin et l’ambiance soignée. Et le pire, c’est que, franchement, sur le papier, cette « 5e vague », elle aurait pu marcher. Mettre la petite Chloe Moretz en tête de casting était quand même assez aguicheur, et puis, en plus de ça, cette notion d’invasion par « vagues », touchant successivement les points de vulnérabilité de notre mode de vie, cela avait quand même le mérite de m’intriguer. Et je le redis au risque de me répéter, mais oui, cette « 5e vague » aurait pu franchement me plaire. Seulement voilà, ça aurait pu marcher sur moi si et seulement si ce film ne m’avait pas régulièrement envoyé dans ma tronche de spectateur cinq vagues de misère cinématographique. La première – et c’était malheureusement la plus à craindre – c’était celle d’une peinture introductive qui oppose d’un côté le monde d’avant super cool dont on avait rien à regretter et de l’autre, le nouveau monde, la catastrophe, dont rien ne pouvait vraiment resurgir, à part un bon vieux refuge sur les bonnes vieilles valeurs traditionnelles. Ça, malheureusement, dès les dix premières minutes, ce schéma vient se déverser sur le film comme un tsunami de clichés et de situations vues mille fois. La peinture du monde parfait « Made In USA », franchement, j’en ai ma claque… Mais bon, passons… Peut-être le film aurait pu être sauvé si je ne m’étais pas bouffé la deuxième vague dans la foulée : le déluge de CGI tout moisis. Ah ça ! Aujourd’hui, j’ai l’impression que tu ne peux plus demander un sou à un producteur si on le lui garantit par un déluge de bouillasserie numérique. Là, franchement, encore une fois, on a vraiment la dose. Le pire, c’est que le film sait montrer à plusieurs reprises qu’il peut s’en passer. Mais non… Il faut qu’on nous refoute une fois de plus les dix plaies d’Egypte aux quatre coins du monde, comme on a déjà pu le voir dans tellement de films du genre. A cela s’ajoute toute une série de détails numériques mal foutus
(par tous les dieux mais que la vision des Autres fut kitsch !
) ou bien encore de lumières fluos à tout va (jusque sur des casques de soldats qui doivent attaquer furtivement de nuit, si si…). Le souci, c’est qu’à cette deuxième vague s’est associée une troisième : les personnages, situations et dialogues archétypaux. Aliens vraiment pas gentils, héroïne vraiment trop parfaite, beaux gosses aux torses rasés, filles gothiques trop bad ass, moments de sensiblerie bon marché (x1000), gros militaires avec plein de gros flingues, le tout pour finir par un bon discours comme quoi les humains seront toujours sauvés par
l’amour et l’espoir (…oui, vous avez le droit de dire « amen »)
. Bref, ça sentait déjà le roussi me concernant, seulement il a fallu que s’ajoute à ça une quatrième vague (comme un classique dans ce genre de film) : les incohérences, absurdités, ou autres situations illogiques. Parce oui, dans ce film, une onde électromagnétique a quand même le pouvoir de détruire les systèmes électroniques (ça je veux bien), mais visiblement, elle peut aussi couper un moteur-essence en pleine marche (et le détruit irrémédiablement aussi), tout comme elle peut aussi couper l’eau courante (intéressant). Je n’ose parler des moments où la connerie monumentale des personnages est sollicitée pour rendre certaines situations dramatiques possibles (comme ce merveilleux moment où
-1- Cassie décide d’abandonner son frère pour aller lui chercher une connerie d’ours en peluche. -2- Ne prévient pas le conducteur du bus qu’elle revient dans deux minutes. -3- N’a pas appris à son con de frère qu’il était beaucoup productif de demander au chauffeur d’arrêter le bus plutôt que de le miauler pathétiquement contre la vitre du fond. Franchement, j’ai ri, et dans la salle je n’étais pas le seul
). Enfin, je n’ose questionner la logique des envahisseurs extra-terrestres de ce film qui, si on suit leurs motivations, n’avaient en fait pas besoin de cinq vagues pour arriver à leur fin, mais en fait de…
zéro. Bah oui mais quand même ils sont sacrément cons ces Autres ! Ce sont des parasites ! Ils ont besoin de gros cerveaux pour pouvoir proliférer, donc si tu veux que ton espèce prolifère, tu ne cherches pas à réduire à néant le nombre d’hôtes ! Si en plus ils sont capables de s’implanter sans que personne ne les remarque, mais dans ces cas là tu te la joues à la « Bodysnatchers » : tu fais une invasion invisible ! C’est quand même simple !
) Bref, vous l’avez compris, avec ces quatre vagues là, on a déjà suffisamment de quoi regretter la manière dont a été conduit ce film. Seulement voilà, il a fallu qu’en plus de ça, un ultime boulet final vienne se rajouter à tout ça ; la cinquième vague : j’ai nommé, le twist loupé. Pour moi, pour qu’un twist soit vraiment loupé, il faut que, non seulement il soit foireux, mais qu’en plus on le voie arriver à des kilomètres. Dans ce film, le twist final se fait gauler – mais alors gros comme une maison ! – dès la fin de la première demi-heure. Mais vraiment, c’est la lose ultime !
Franchement, c’est con, mais si tu ne veux pas que ton twist se fasse gauler (genre ici, en fait les gentils sont les méchants) eh bien tu évites d’utiliser tous les codes archétypaux des méchants sur ceux qu’on est sensé prendre pour des gentils ! Mais c’est dingue ça ! Je sais pas vous mais moi je trouve que c’est juste la base !
Alors peut-être que ceux qui étaient obnubilés par les beaux bras musclés d’Alex Roe ou bien par la lèvre supérieure de Chloe Moretz ne s’en sont pas rendus compte, mais moi je trouve que ça crève juste les yeux. Du coup, quand d’un seul coup d’un seul, les héros se disent « Eh mais je trouve qu’il y a un truc qui cloche », tu as envie de te dire « OK, mais pourquoi ça te parait bizarre que maintenant ? »
Les gars te foutent un traceur dans ta colonne vertébrale (qu’on peut remettre et retirer comme on veut – so easy), ils grognent tout le temps, appellent au meurtre massif, et lancent des plans foireux sur des villes humaines, mais à part ça tout va bien. Par contre, il suffit que deux ennemis fuient en courant pour que Gothicgirl décide de se faire une opération de la colonne avec son petit canif dégueulasse ? Mais What ???
Franchement, une telle accumulation de lourdeurs, ça tue tout plaisir et c’est dommage. C’est dommage oui, parce que, encore une fois, l’ambiance pouvait donner quelque-chose de sympa – un truc entre « la guerre des mondes » et « Walking Dead » - et oui, aussi, le concept de vagues s’attaquant un à un à chacun des points de vulnérabilité de notre mode de vie était aussi un concept à creuser. Seulement voilà, avec ces cinq vagues là dans la tronche, je peux vous dire qu’à la fin, il ne reste plus grand-chose à sauver de ce film. D’ailleurs ce final est un gigantesque WTF logique, où les stratégies les plus absurdes sont choisies, ou les discours débiles s’enchainent à la pelle et ou surtout, les « deus ex machina » se multiplient tellement qu’à côté de ça, la panthéon romain passerait presque pour un temple monothéiste. En somme, ce film nous prend un peu trop pour des cons, du début jusqu’à la fin, et c’est un peu ça qui est triste. Ce n’est pas parce qu’on aime le post-apocalyptique qu’on n’a pas de cerveau. Peu le comprennent. En tout cas, sur ce coup là, la Columbia, elle ne l’a pas compris, et c’est bien dommage…