Avis sur Shaolin contre Ninja

Avec son beau titre français qu'est Shaolin contre Ninja qui parle forcément de Shaolin et de Ninja… sauf qu'en fait non… ce film aurait pu passer pour un navet fini sauf qu'en fait non.
Le film est bien plus qu'un concept de producteurs foireux (foireux se rattachant aussi bien à producteurs qu'à concept).

En réalité c'est plutôt cool. Le film commence avec une scène de mariage arrangé entre un chinois et une japonaise qui se plaisent tout de suite malgré leurs appréhensions. Sauf qu'en fait tous les deux ont fort caractères et prennent un malin plaisir à se défier et à tenter de tourner l'art martial de l'autre en dérision. La fameuse guerre entre les chinois et les japonais qui dure depuis la nuit des temps (ou presque). Du coup c'est plutôt bon enfant, drôle. Jusqu'au moment où la femme en assez et part s'entraîner et que par mégarde le mari envoie une lettre de défi à sa femme qui sera mal interprétée par les artistes martiaux nippons.

Tout à coup ce qui était une sorte de jeu mortel entre mari et femme se retrouve être une compétition entre cultures avec toutes les incompréhensions que cela peut comporter. Ce qui est bien c'est qu'avec le même sujet on aurait pu tomber dans le patriotisme le plus débile, suffit de voir un truc genre Ip Man, film devant lequel beaucoup se tirent la tige… Et bien là non. Respect avant tout.

Certes le scénario est un prétexte pour avoir de bonnes scènes de baston qui occupent toute la seconde partie du film et qui sont à la fois prenantes car très bien filmées et sacrément cools. Je veux dire que voir un mec se battre au nunchaku et au bâton en même temps c'est plutôt original et c'est bien fait alors pourquoi bouder son plaisir ? Mais ce scénario prétexte, l'affront fait à la femme qui se transforme en prétexte pour voir différentes techniques de combats s'enchaîner n'est jamais con. On a de très bons films dont le scénario prétexte ne vole pas haut, n'est pas con et ça s'arrête là, mais ici on ajoute ce profond message de respect sans pour autant qu'il en devienne neuneu ou qu'il prenne trop de place. Il est là, juste ce qu'il faut.

C'est du coup un pur divertissement qui ne s'encombre pas d'un scénar pompier, qui va à l'essentiel, qui maîtrise son sujet et qui en plus ne tombe pas dans le piège du patriotisme exacerbé. Franchement cool.

Alors j'aurai malgré tout quelques reproches à faire au film, notamment un personnage secondaire comique pas forcément des plus fins, le combat final qui n'est pas le plus impressionnant, le fait que la rivalité avec sa femme qui était sympa passe un peu au second plan (mais c'est au service de l'action quasi non stop, un mal pour un bien donc).

Et que dire des la photographie aux couleurs criardes qui arrivent à faire passer les costumes dans des couleurs improbables pour pas si kitch que ça et même classe.

Bref c'est cool.

Le scénario ne va clairement pas chercher bien loin puisqu'il voit s'affronter différentes techniques d'arts martiaux,afin de savoir qui du japon ou de la chine à le meilleure art martial. Si toute cette histoire n'est pas affolante d'inventivité elle donne cependant lieu à de beaux et bons combats. Les techniques s'enchainent les unes derrières les autres pour un réjouissant spectacle.

C'est quoi ce titre à la con ? On dirait un vieux navet ou nanar dégueulasse à peine digne des Sharknado...

Le metteur en scène du brillant La 36ème chambre de Shaolin part ici d'un concept intéressant, celui d'un quiproquo qui va conduire un jeune chinois féru d'arts martiaux tout juste marié à relever un défi sous forme de suites de combats. Forcément ça donne envie, surtout que Liu Chia-liang ne fait que le sublimer, que ce soit dans la première partie avec ce couple qui va se quereller sur qui est le plus fort, avec comme sous-entendu une question d'honneur entre nation japonaise et chinoise, puis ensuite, lorsqu'il devra faire face à plusieurs combattants.

Il lorgne d'abord vers un côté plus comédie, mêlée au Kung-Fu évidemment, notamment avec le mariage puis surtout avec le personnage féminin, avec comme ligne principal, le couple et qui domine l'autre. Cette partie-là est plutôt sympathique, avec certes des ressorts comiques déjà vus mais qui marchent, avec des comédiens qui se donnent à fond et c'est contagieux. Là où le film surprend, c'est via le protagoniste masculin, loin des clichés du combattant fier de lui jurant que par la vengeance, là il est plutôt classe et surtout accro à sa gonzesse, et totalement désemparée lorsqu'elle retourne dans son pays pour s'entraîner.

Cette première partie est sympa mais rien en vu de l'apothéose à venir, où Ah-To devra prouver la valeur des art-martiaux chinois face à ceux japonais. Il devra combattre un expert de chaque discipline (karaté, sabre...) et c'est là que le film prend toute son ampleur. On entre alors dans une sorte de gigantesque combat sans aucun temps morts et totalement maîtrisé par Liu Chia-liang qui sublime d'époustouflantes chorégraphies, avec plein d'idées géniales pour mieux utiliser toutes les armes et techniques mises en avant.

J'ai eu l'impression que le réalisateur laissant improviser ses acteurs tant tout semble fluide et surtout prenante, avec une forte dimension. L'autre force de l'oeuvre, c'est de garder ses idéaux intacts, notamment dans la philosophie du Kung-Fu où le but n'est pas de tuer son adversaire, et c'est surprenant de constater qu'aucune goutte de sang n'est versée, avec comme symbole la séquence du samouraï. Tout est parfaitement bien ficelé par Liu Chia-liang qui en plus, bénéficie d'un Gordon Liu au top de sa forme.

Derrière ce titre français hideux se cache une oeuvre remarquable, où la comédie va laisser place à un déluge d'action superbement orchestré et chorégraphié, sublimé par un grand Liu Chia-liang qui n'en oublie pas la philosophie et les valeurs.

Bon alors faut remettre les choses en place, le titre n'a absolument rien à voir avec le film, et ne reflète pas dutout sa qualité.

Je disais que Fist of Legend était une merveille de diversité martiale, dans ce film c'est encore plus impressionnant.
Sortant en pleine vague des films de Kung Fu où les japonais sont tout sauf épargnés ( Xénophobie, caricature... etc) Liu Chia-Liang prend le parti pris de réaliser un film en mettant japonais et chinois sur le même pied d'égalité.

La première moitié du film nous raconte la vie de couple entre Gordon Liu et une japonaise, très vite, le choc des cultures se fait ressentir, sa femme repars au japon. Et des maîtres martiaux en tout genre se ramènent du japon pour le défier, ce qui laisse place à une seconde partie, avec uniquement des combats.

Gordon Liu va affronter un maître dans chaque discipline, impossible donc de s'ennuyer, à peine le combat est finit, que c'est repartis pour le suivant: il s'opposera à un maître de Kendo, de Karate, de Judo, de Sai, de lance, à un maître Ninja, à un maître en Nunchaku etc.... Ce qui laisse place à des affrontements variés et surtout à un panel de techniques rarement vu dans un film: entres les aiguilles secrètes cachées dans le dos, la boxe de l'homme ivre, un combat de cache cache contre un ninja, des fumigènes, la boxe japonaise du crabe, la boxe de la grue etc ..., martialement ce film est une merveille.

Voir Gordon Liu maîtrisé autant d'armes force le respect.

A tous les craintifs vis à vis du cinéma Kung Fu Old School, excepté les affrontements contre sa femme dans la première partie qui sont assez lents du fait de son sexe, les combats sont rapides et précis, ils n'accusent pas de leur âge.

La dernière scène est à l'image du film, un message de partage et de respect entre les deux pays. Magnifique.