En voilà encore un qui va marquer son époque. Comprenez qu’il s’agit d’ironie. Voilà qu’un jeune cinéaste français de plus débarque, son financement étatique sous le bras, pour livrer une copie léthargique d’un nouveau polar parisien sans la moindre inspiration si ce n’est celle de ponctionner ici et là les thématiques et effets artistique d’autres cinéastes plus chevronnés. L’on pourra alors reconnaître l’empreinte de Refn sur Only God Forgives, d’Olivier Marchal alors qu’il était metteur en scène et j’en passe. Edgar Marie n’officie pas vraiment à la création mais plutôt à la compilation de ce qu’il semble apprécier chez ses collègues, de toutes ses inspirations qui rendent son film, dont le titre est accrocheur, aussi crispant qu’un mauvais épisode de Derrick, pour peut qu’il y en ait des bons.
D’une durée très brève, heureusement, le film ne fait que suivre le pas de deux patrons de boîtes de nuit qui auront, six ans au préalable, été acteurs d’un échange de drogue mexicain qui à très mal tourné. Voilà l’heure de la vengeance pour ceux qui en ont réellement fait les frais. Oui, soulignons au passage la glorieuse vision de la justice mexicaine par un cinéaste en herbe. Débarque alors à Paris un affreux bonhomme qui veut tuer tout le monde, le tout dans un imbroglio de traîtrise, de fidélité et d’amitié mal placée. Le pitch est à ce point limité que l’on attend impatiemment la fin pour vérifier qu’au passage, l’ami Marie n’aurait pas bénéficier d’un élan soudain de créativité dans sa démarche de plagiat discret.
Alors que l’on peine à comprendre l’implication d’Olivier Marchal dans ce polar version téléfilm de minuit, il n’est pourtant que le seul à se démerder pour faire de son personnage quelqu’un qui se démêle un minimum. Le deuxième compère, incarné par un Jacques Gamblin fantomatique, ne fait même pas illusion. L’acteur n’y est pas, n’y est jamais par faute de mollesse, de manque d’envie, incarnant un personnage d’un autre temps, jamais dynamique ni intéressant. Le tandem d’anti-héros, la base même du film d’Edgar Marie, n’est alors ni attachant ni crédible, parfois même insupportable de bêtise. Il n’y a rien non plus a attendre des seconds rôles, tous anecdotiques, même le fameux psychopathe que l’on attend impitoyable mais qui, au final, laisse de marbre.
Raté de A à Z, voilà encore un exemple d’incapacité, de minimalisme à la française. L’on aurait au moins espérer le minimum syndical, en revenir à Nuit Blanche, 2012, nettement plus convainquant malgré le thème éculé de la nuit parisienne. Insipide et malheureusement financé sans sourciller, encore et encore, le cinéma se doit maintenant de sortir de l’ornière. Heureusement, en France, les séries télé sont si ridicules qu’elles ne prendront pas le pas de sitôt sur le cinéma. Quoique ici, l’équilibre est précaire. 02/20