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Blog Be French
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3,0
Publiée le 3 juin 2015
Après Respire en 2006 et Oslo, 31 Août en 2011, le jeune réalisateur norvégien débarque en 2015 sur la croisette avec Louder than Bombs et son casting quasi-hollywoodien. Pourquoi «quasi » ? Et bien tout simplement parce que Joaquim Trier cherche plus souvent à taper dans la veine intimiste de Sundance qu'à nous proposer un film marqué par sa propre empreinte… Comme beaucoup de films présentés cette année à Cannes, Louder than Bombs dresse le portrait d'une cellule familiale en crise, où un mari et deux fils cherchent tant bien que mal à se consoler de la disparition d'un mère et d'une femme. En ce sens, Trier s'éloigne des codes habituels, ne tombe pas spécifiquement dans le pathos pour jouer la carte émotionnelle, et choisit de montrer la légèreté de l’existence plutôt que le néant qui s'offre à nous (en témoigne cette jolie affiche). Ici, comme ailleurs, le deuil est impossible et les personnages ne cherchent pas à « faire leur deuil » mais plutôt à le dépasser, à laisser cet événement devenir le pilier, certes branlant, d'une vie que chacun aura à construire. La film est d'ailleurs très bien construit puisque le montage permet de revenir à chaque personnage et de découvrir comment chacun éprouve la disparition d'Isabelle Reed. L'ensemble des acteurs (Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Devin Druid, Gabriel Byrne) portent très justement cette histoire et Trier se permet même quelques coquetteries qui alerteront l'oeil avisé du spectateur (notamment des arrêts sur image minutieux aux lumières presque surnaturelles, ou encore un monologue mis en image à la manière d'un clip). « Mais quels sont les défauts du film alors ? » me diriez-vous… Revenons donc à la « veine intimiste de Sundance » ! Car si le film a de très belles séquences, certaines tombent aussi un peu facilement dans les clichés du cinéma indépendant américain : à l'instar des cinéastes scandinaves (Bergman, Vinterberg, ou d'autres), Trier choisit de dépeindre les drames d'une famille bourgeoise tout en nous proposant une réalisation cumulant les flous et les couleurs grisonnantes des films indés américains. Là où une vraie mise en scène et une photographie enjouée auraient transcendé ce sujet classique, le cinéaste norvégien choisit de filmer ce qu'on nous propose au cinéma au moins une fois par mois ! La simplicité sur le fond aurait pu être un avantage si la forme avait su véritablement se démarquer…
Joaquim Trier manque un peu la marche avec son nouveau film. En effet, les rares éclats de poésie ne suffiront pas à faire de Louder Than Bombs un bon film car celui-ci reste marqué par un scénario trop simple et une réalisation trop marquée « cinéma indépendant ». On aurait aimé que le norvégien puisse laisser éclore son talent un peu plus sur la longueur… Espérons que ce soit le cas lors de son prochain film !
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