J'avais beaucoup aimé Oslo 31 Août, pas vraiment dans son ensemble mais certains passages qui étaient magnifiques, très vrais. J'ai l'impression que Trier essaie de reconstruire l'état dépressif à travers ses films. Alors ça marche moyennement, mais c'est souvent très juste. Du coup Back Home j'ai bien aimé, j'ai trouvé plein de moments très beaux mais le tout reste un peu en dent de scie, disons qu'il n'arrive pas à tenir son pari tout du long. Par exemple si on le compare à un film de Dolan, Trier est beaucoup moins proche de ce qu'est un adolescent mais il essaie des choses différentes, sans jamais tomber dans le romantico-romantisme. Ce qui m'a le plus gêné dans ce film c'est qu'il traite trop de choses à la fois. J'ai adoré le personnage de Jesse Eisenberg, et quand le film a démarré j'ai vraiment cru qu'on ne verrait que lui, en plus cette histoire d'amant ça m'a vraiment beaucoup plus, c'est tout dans les non-dits et puis on a la ravissante Rachel Brosnahan... Mais ce pan de l'intrigue est très secondaire, on se concentre très vite sur l'histoire du petit frère qui n'est pas inintéressantes, mais je sais déjà comment ça fonctionne les dépressifs, je les connais, là c'est bien écrit mais tout de même il y a des choses que je n'ai pas bien apprécié. Alors je ne sais pas si c'est moi qui ait changé mais je supporte assez peu ce genre de personnages, tu sens qu'il y a un décalage entre eux et le monde, ce que je peux comprendre, parce que souvent ils sont en avance comparé à ceux qu'ils fréquentent mais ce sont quand même des idiots. Après le film ne nous fait pas adopter que son point de vue, ce qui est dommage parce qu'on a l'impression qu'il objectivise des choses qui ne sont finalement souvent que la perception du dépressif. Après j'ai bien ri à certains passages. Mais je suis un peu déçu que le personnage ne se rende pas compte de sa condition, je veux dire dans l'état dépressif, t'es toujours un peu conscient que tu joues un rôle j'aurais aimé que ce soit mis un peu en avant, du coup la scène finale, quand il raccompagne la fille, moi ça aurait fait un moment que je me serais barré en me disant qu'elle est débile, mais bon par principe, tu ne vois que ce que tu veux voir, alors je comprends. En tout cas le passage vraiment chouette est celui où il a des "pouvoirs", c'est tellement juste, c'est tellement ça, c'est tellement toujours ce que tu penses, tout est condensé dans ce passage, l'orgueil, le désespoir, l'espoir, tout ! Après voilà, t'as envie que ce petit gars aille loin parce que tu sens qu'il en a le potentiel, mais il est encore trop attaché à ses projections, et tout le film, ce n'est que sur les projections, sur l'état dépressif et de ce point de vue il est très juste. Toutefois j'aurais préféré qu'on resserre l'intrigue, le film s'éparpille trop, Trier a moyen d'aller loin dans ses thématiques, mais il est meilleur metteur en scène que scénariste il me semble, il faudrait qu'il fasse des films moins narrés et plus sensitifs, comme certaines scènes ici, comme il y en avait dans Oslo (je pense à celle où il regardait les gens dans le bar), des moments purement contemplatifs sur les projections du mal-être.