Il y a un jeune homme qui revient dans la maison de son enfance, alors qu'il vient tout juste d'être père, parce qu'on prévoit une exposition des oeuvres de sa mère, photographe de guerre disparue prématurément. Une superbe maison d'architecte d'ailleurs, moderne, tout en vitrages, immergée dans la verdure. A l'écart de la ville. Une maison de rêve quoi. Et dont il semble soudain ne plus pouvoir se détacher. Back Home.
Il y a donc cette femme photographe qui, de temps en temps, s'arrachait à son métier qui la passionnait pour retrouver sa famille. Back Home.
Il y a trois hommes qui ne se remettent pas de cette béance, de cette absence, de l'absence de celle qui pourtant n'était jamais là, même quand elle était là....
Il y a un gamin, le plus jeune fils, révolté contre tout et tout le monde, mal dans sa peau, et là on retrouve évidemment le héros de Oslo, 31 aout du même Joachim Trier. Et encore: on lui a soigneusement caché que cette mère qui lui manque tellement, disparue dans un accident de la route, s'est suicidée. Le père pensait que cette révélation serait trop dure. Quoi de pire pour un enfant que de se dire que sa mère s'est suicidé: alors, fallait il que je ne sois rien pour elle, pour ne pas l'avoir retenue?
Bref il y a beaucoup de choses fortes et justes dans ce beau film grave, servi par de magnifiques acteurs, à commencer par le jeune Devin Druid, l'ado buté; Jesse Eisenberg, le frère ainé et Gabriel Byrne, qu'on ne voit jamais assez. Très bel homme, excellent acteur et vraiment charismatique, sans doute aurait il du faire une carrière plus spectaculaire, Mr Byrne.... Et puis Isabelle Huppert, plus opaque que jamais. Dans sa passion de partir et de repartir sur les terrains de combat les plus durs, Syrie, Iraq, il y avait le devoir de montrer au monde la vie de ces malheureux livrés aux horreurs de la guerre; mais aussi sans doute, moins avouable, et sans doute ne se l'avoue t-elle pas à elle même: l'ennui du quotidien, de la vie de famille, cette famille que manifestement elle aime pourtant... Beau film parce que chaque protagoniste est intéressant, ce qui est rarement le cas au cinéma, où l'un des personnages mange en général les autres.
Beau film, donc, mais dont on regrette parfois l'éparpillement, tant on passe vite de micro-scène en micro-scène, présent, vu par l'oeil de l'un ou de l'autre, flashes back plus ou moins reculés, rêves.... A voir bien sur.