Derniers Avis sur The Lost Empire

Scénariste pour de nombreux films de Roger Corman, Jim Wynorski s’essaye à son premier long-métrage en multipliant les casquettes (réalisateur, scénariste & producteur) et parvient à mettre en boîte son film grâce à l’apport financier d’un propriétaire d’un cinéma.

Dans sa carrière (encore très prolifique, le bougre) Jim Wynorski aura réalisé des téléfilms comme un frénétique, à raison de 3 à 4 films par an (!), faisant fi de la qualité au détriment de la quantité et dont 99% de sa filmographie s’avère être des Séries B, voir Z (Dinocroc vs. Supergator - 2010 , Sexy Wives Sindrome - 2011 , Shark Babes - 2015 , Sharkansas Women's Prison Massacre - 2015 , CobraGator - 2018, pour ne citer que les plus récents).

The Lost Empire (1984) est typiquement ce que l’on peut appeler un "film de fan", une SérieB où le cinéaste y a mis tout son cœur (mais pas nécessairement tout son talent), au service d’un film-hommage à un genre de prédilection.

L’ennui, c’est que son fourre-tout est un véritable bordel où l’on croise pêle-mêle un gang de ninja & un sorcier zombie au doux nom de Lee Chuck (je vous le donne en mille : hommage à Bruce Lee & Chuck Norris). Ajoutez à cela, 3 drôles de dames (une sergente, une indienne et une prisonnière) qui vont s’allier pour affronter le mal ! Ça va, vous suivez toujours ?

Si vous aimez les jolies demoiselles dévêtues qui se fightent dans des tournois de gladiateurs, les ninjas, les canons laser (en forme de… bite), les costumes de singes trouvés à la Foir'Fouille et les décors cheap en matte-painting, ce nanar est pour vous.

(http://bit.ly/CinephileNostalGeek ☆ http://twitter.com/B_Renger)

Oh purée, alors là, The Lost Empire, premier film de Wynorski, est le nanar assumé ultime, le chef-d’œuvre du genre, je crois n’avoir jamais vu un film qui s’assoit autant sur les conventions et envoie paitre le critique cartésien. Venant de Wynorski c’est hallucinant mais préparez-vous. Si vous aimez les films avec une voiture qui a pour plaque d’immatriculation « biocul », si vous aimez les shuriken ninjas en forme de flocons de neige, si vous rêvez de voir une femme avec le tour de poitrine de Pamela Anderson faire du kung fu sans soutien-gorge, si vous rêvez de voir un type se faire transpercer le fessier à coup de laser et enfin si vous rêvez de voir une jolie blonde défoncer un gorille (au sens propre) en lui donnant un coup de pied là où je pense, alors précipitez-vous sur ce The Lost Empire. Du délire en barre.
Au casting déjà un trio de jolies filles au profil très divers, et dont la plus connu est bien sur Raven de la Croix. Trois actrices séduisantes, qui passent leur temps en décolleté plongeant, en pantalon ultra-moulant, voir simplement nue, et qui sont complétement déchainées dans leurs rôles de combattantes d’opérettes. Elles mettent une pêche d’enfer au film, et elles jouent à fond sur leurs images avec des rôles il faut le dire hallucinant. De la Croix est censé être une indienne d’Amérique, Angela Aames (qui nous a quitté trop jeune) est une repris de justice qui tatanent des prisonnières BDSM en tôle, tandis que Mélanie Vincz est une flic de choc qui nous sert une parodie délirante de l’inspecteur Harry ! A ce casting de charme s’ajoute un Robert Tessier et un Angus Scrimm en méchant qui font absolument n’importe quoi. Ils sont totalement hilarants, surtout Scrimm pour ceux qui l’on connut dans la saga Phantasm. Même l’inconnu Paul Coufos se lâche à fond. Franchement les acteurs ont pris ce film avec un relâchement total, on sent que c’était la folie furieuse sur le plateau, et c’est très très rafraichissant.
Le scénario est lui aussi assez géant. Rien que le prologue en voix off est absolument énorme, j’étais plié de rire. En clair, sans spoiler (mais qu’est ce qu’il y a à spoiler en fait) c’est l’histoire d’une femme flic qui pour venger la mort de son frère monte une équipe de trois spécialistes des arts martiaux pour aller participer à un championnat super côté organisé par le responsable de la mort du frère. En fait ça c’est dans l’idéal, mais ce film s’en contrefiche littéralement de son intrigue, et c’est une succession de scènes toutes plus hallucinantes les unes que les autres, jusqu’aux vingt dernières minutes qui craquent totalement. C’est très rythmé (le film est court aussi, ça aide), c’est gags sur gags, les répliques sont énormes (celle de Vincz dans l’école c’est incroyable), les combats ne valent pas tripettes (faut dire que ce sont les actrices elles-mêmes qui sont créditées comme cascadeuses !) mais sont à se tordre (voir les actrices casser des briques en carton et manquer de tomber à la renverse dans leur élan c’est la première fois que je vois cela). Bref c’est que du bonheur jusqu’à l’avalanche de stock shot final.
Visuellement Wynorski n’avait pas un kopeck, mais son film est d’une générosité sans borne. La mise en scène est complétement racoleuse mais assumée (gros plans sur l’anatomie avantageuse des actrices par exemple), et elle est très dynamique. Les décors c’est du carton à tous les étages (et encore), mais là aussi il y a un côté tellement sympathique qu’on passe sans difficulté sur ce souci. La photographie n’a rien de terrible non plus (quoique, c’est peut-être l’aspect visuel le plus réussi), mais ce n’est pas grave. Je passerai évidemment sur les costumes (je précise là encore que ce sont les actrices qui ont aussi assumé le rôle de costumière, décidemment !), et sur les effets visuels fait avec deux bouts de ficelle, mais qu’est-ce que c’est fendard. Mais heureusement que c’est comme ça, c’est tellement fun de voir un film fauché qui assume autant sa misère budgétaire. Franchement pour être très honnête je n’attendais rien, mais alors absolument rien du premier film de Wynorski. On dit souvent que ce sont les moins aboutis des réalisateurs, les moins bons, et bien Wynorski, à l’instar de John Carpenter est surement l’un de ceux qui ont su faire de leur premier film des perles. Car je le dit, ce The Lost Empire est une perle, une pépite à l’instar de Dark Star. C’est un cirque incroyable, plein d’idées farfelues, de numéros d’acteurs décomplexé, de répliques fendardes, ça va à cent à l’heure, c’est fait avec deux francs six sous mais c’est totalement distrayant. Ça fait beaucoup de bien au moral, et pour le coup, merci M. Wynorski de vous être lancé dans la réalisation. Si ce n’est pour votre filmographie en général, au moins pour ce film en particulier. 5.