"Mariage à l’anglaise"… ou le croisement improbable entre une comédie romantique british à la Richard Curtis et une comédie corrosive façon "Borat". C’est en tout cas ce que nous promettait les producteurs et il faut bien reconnaître que ses "sources d’inspiration" se font bien sentir. Mais, autant le dire tout de suite, le film a un problème majeur : sa mise en scène et, par extension, son réalisateur Dan Mazer. Outre une absence d’audace formelle, Mazer se prend régulièrement les pieds dans le tapis du rythme comique, de sorte que son film manque souvent de cohérence et s’avère parfois poussif. Et c’est bien, dommage car "Mariage à l’anglaise" (titre pas très heureux, surtout au vu de l’original "I give it a year", bien plus en phase avec le ton du film) bénéficie de dialogues souvent très drôles et de gags étonnants dans ce genre de production (le discours du témoin, le cadre photo numérique, les scènes chez la conseillère conjugale, les engueulades du couple d’amis…) mais le manque d’efficacité du réalisateur fait souvent retomber le soufflet. Heureusement, le film bénéficie d’un atout indéniable : l’originalité de son propos. On s’attend, en effet, à voir une énième histoire de couple qui s’est aimé mais qui s’éloigne, happés par de vils tentateurs… mais qui se retrouveront à la fin dans un émouvant happy-end. Or, on s’aperçoit très vite que quelque chose ne tourne pas rond avec ces nouveaux mariés qui n’ont rien à faire ensemble. Leur caractère, leur mode de vie, leurs engueulades, l’image qu’il projette à leurs amis… tout dénonce le fiasco à venir. Idem pour les tiers qui s’immiscent entre eux, qui sont loin de la caricature habituelle du "potentiel conjoint qui a toutes les qualités mais qui s’avère être naze" et sont, au contraire, terriblement sympathiques du début à la fin et souffrent de n’être pas davantage aimés. Par ce traitement, qui ne manquera pas de surprendre, le film affiche une ambition inattendue : celui de faire une comédie romantique sur un couple qui doit se séparer. Et, même si on voit venir la conclusion à mi-bobine, il faut bien admettre que cette originalité fait du bien. Le charme du film doit, également, beaucoup à son casting. Rose Byrne confirme qu’elle est lamentablement sous-exploitée par la cinéma, Anna Farris est étonnement craquante, le so hype Simon Baker se fait plaisir en parfait gentleman et les seconds rôles sont savoureux de drôlerie (Minnie Driver et Jason Flemyng en couple atypique, Stephen Merchant en pote boulet, Olivia Colman en conseillère conjugal déjantée…). Seul Rafe Spall ne m’a pas convaincu, en raison d’une carence de charisme assez handicapante qu’il tente de compenser maladroitement en en faisant des caisses. Au final, "Mariage à l’anglaise" n’est, certes pas la comédie de l’année mais se regarde avec un certain plaisir… pour peu qu’il se regarde en couple bien sur. Mais, dans le genre, c’est bien supérieur à la majorité des productions US où le héros court après l’héroïne qui s’éloigne en taxi…