La comédie romantique anglaise est un genre déposé, de "Coup de Foudre à Notting Hill" à "Bridget Jones" en passant par "Quatre mariages et un enterrement" et "Love Actually", et voir ce que le scénariste de Sacha Baron Cohen pouvait en faire est une des principales raisons qui m'a poussé à aller voir ce "Mariage à l'anglaise", malgré une bande annonce qui m'avait pourtant mis la puce à l'oreille sur la coexistence probable entre du très drôle et du très lourd. Et bien, une fois de plus, la bande-annonce a rempli son rôle au-delà même de sa fonction première, puisqu'effectivement, si on rit parfois très franchement, on est aussi saisi fréquemment par un sentiment de gêne devant un humour aussi graveleux. C'est d'ailleurs ce qui explique ma note, juste la moyenne entre 8/10 pour le meilleur et 2/10 pour le pire.
Cela commence avec le mariage, idée originale que de démarrer le film par ce qui clôt souvent une romcom, puisque c'est ainsi qu'on désigne maintenant ce genre. Il y a d'emblée un sens du détail incongru qui fait mouche : le prêtre qui s'étrangle juste avant de déclarer Nat et Josh mari et femme, la chorégraphie ridicule, le lâcher de ballon qui déclenche un incendie (je ne suis pas certain de ne pas avoir été ainsi complice d'un incendie dans le Val d'Oise un soir de mariage venteux !), le gag présent dans la B.A. du discours du témoin qui énumère la liste de ses tâches, parmi lesquelles se taper les demoiselles d'honneur avant de découvrir qu'elles ont huit ans. Mais ce gag efficace est symptomatique du reste : ce que la B.A. ne montre pas, c'est la suite, à savoir comment Danny tente de se rattraper en faisant de l'humour sur "Robert le Pédo", avec gros plan appuyé sur les invités gênés.
Ce que je remets en cause, ce n'est pas le gag en lui-même, on peut rire de tout. Mais il y a un sens du rythme propre à la comédie qui indique quand on doit couper, et c'est ce qui manque cruellement au film. Alors, me direz-vous, cette insistance était déjà présente dans "Borat" ou "Brüno" ; certes, mais cela faisait partie du genre du documenteur hagiographique, et la lourdeur était celle du personnage. Ici, on sent que Dan Mazer s'est imposé un tempo intenable, et que s'il réussit certaines scènes (le notaire, le début de la scène de la conseillère matrimoniale avec la poupée, les charades familiales), il s'essouffle très vite notamment à cause de personnages outranciers comme Danny ou même Josh, et de situations téléphonées comme le cadre photo numérique.
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