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Nitnelav
7 abonnés
26 critiques
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4,0
Publiée le 6 septembre 2024
Quand passent les cigognes, réalisé par Mikhaïl Kalatozov et lauréat de la Palme d'or au Festival de Cannes en 1958, est une œuvre poignante qui nous plonge au cœur de la Seconde Guerre mondiale, mais vue à travers le prisme de l'intime. Le film raconte l'histoire de Véronika et Boris, un jeune couple amoureux séparé par les horreurs de la guerre. Le début du film, avec leur course insouciante près d’un pont à Moscou, contraste brutalement avec la sombre réalité qui s'impose bientôt à eux : Boris est appelé au front, laissant Véronika derrière lui, prise dans l’étau de l’absence, de l’incertitude et de la douleur.
Là où le film se démarque, c'est dans sa manière de capturer la guerre non pas à travers les batailles, mais à travers l’impact émotionnel sur ceux qui restent. Véronika devient le symbole des milliers de femmes qui doivent faire face à la perte, à l'attente, et à la désillusion. La mise en scène de Kalatozov sublime ces émotions par une caméra virtuose, capable de capter aussi bien la grandeur des espaces vides que l'intensité des regards et des gestes.
Techniquement, le film impressionne. La photographie en noir et blanc, à la fois élégante et expressive, joue un rôle clé dans l'intensité dramatique du récit. Les jeux de lumière et d'ombre apportent une dimension presque onirique à certaines scènes, rendant le chagrin de Véronika encore plus palpable. Une des forces majeures du film réside dans les mouvements de caméra fluides et dynamiques, souvent utilisés pour refléter l’instabilité émotionnelle de l’héroïne. Ces choix visuels renforcent la narration tout en immergeant le spectateur dans l’état d’esprit des personnages.
Tatiana Samoïlova, qui incarne Véronika, est tout simplement magistrale dans ce rôle. Elle parvient à traduire, avec une rare justesse, toute la complexité de son personnage : l’espoir qui se bat contre le désespoir, la résilience face à l'effondrement, et l’amour face à la perte. Sa performance, tout en nuances, est rehaussée par la manière dont Kalatozov la met en lumière, lui accordant des gros plans intenses qui saisissent chaque inflexion de son visage.
Quand passent les cigognes est un film qui résonne longtemps après son visionnage. Il n'est pas simplement un récit sur la guerre, mais une réflexion sur l’humanité, l’amour, et le sacrifice. C’est une histoire où chaque regard, chaque silence, raconte une vérité indicible sur la perte et le temps qui passe. Plus qu'un simple mélodrame, c'est une œuvre d'une grande finesse qui mêle l'art du cinéma à une sensibilité humaine profonde.
En somme, Quand passent les cigognes est non seulement un joyau du cinéma soviétique, mais aussi un témoignage universel sur les ravages de la guerre, non pas sur les champs de bataille, mais dans les cœurs et les esprits de ceux qui doivent survivre à l'absence. Un classique intemporel, où chaque plan est une leçon de cinéma.
Un très grand film au scénario soigné et aux prouesses techniques inimaginables à l'époque. Travelings magnifiques et plan-séquences énormes! Le premier film moderne.
Très beau film. La caméra virevolte, tourne dans les escaliers pour l'Amour et est placé en caméra subjective lors de la Mort. On sent une véritable énergie dans la mise en scène de Mikhail Kalatozov. On a des très beaux plans, on a un travail sur l'image qui rend ce film d'une beauté plastique éclatante. Les cigognes volent au début et à la fin du film et la caméra vole tout au long du film dans cette histoire d'Amour poignante dans ce contexte de guerre. Le réalisateur utilise des effets pour nous montrer ce côté âpre de la guerre avec Veronika courant après un passé, et ce passé lui contamine sa vie avec Boris qui est n'est plus physiquement là mais présent toujours de manière indirecte envers Veronika. Ce film témoigne de la souffrance que cause la guerre ce qu'elle détruit: des familles, des histoires, des vies.
Quand passent les cigognes est un film culte. La réussite de ce film repose en grande partie sur deux points. D'abord par un savant dosage de la lumière sur les deux couleurs du film, puisqu'il fut tourné en noir et blanc, donnant un résultat d'un esthétisme absolu. Un autre point ayant contribué à son succès réside dans certains plans tournés de façon spectaculaire. Mais en 1958, il fallait de l'imagination aux réalisateurs pour innover. A cette époque, ils n'avaient pas d'ordinateurs à leur disposition leur permettant de produire des effets spéciaux et autres images de synthèse. Il leur fallait donc tirer le maximum de grosses et lourdes caméras de studio et de quelques portatives telles que des Arriflex 16 ou 35mm aux performances et à l'autonomie limitées. La scène la plus réussie, relevant de l'exploit technique, est ce fameux fondu enchaîné représentant des arbres vus du sol tournants de plus en plus vite dont les images viennent se superposer à un autre tournoiement, celui de la course du héros dans les escaliers pour rejoindre sa fiancée. Si ce film a décroché la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1958, il a également été récompensé, fait rarissime, par un Prix Spécial pour les Mouvements de Caméra.
Quand passent les cigognes, palme d'or 1958, est un film exceptionnel qui allie prouesse technique et scénario en béton. Certainement l'une des plus belles histoire d'amour du cinéma. Un film essentiel.
Grand film russe du début de la déstalinisation. Techniquement inventif pour l'époque, il marque avant tout par son histoire d'amour et ses personnages plongés en pleine guerre. Il y a quelques failles dans la réalisation et pourtant la puissance de nombreuses scènes l'emporte. D'autre part, Tatiana Samoilova est tout simplement incroyable de beauté et de prestance.
Un film qui fait réfléchir sur l'amour et la vie à travers le portrait de cette femme amoureuse de Boris qui est, à prime abord, insouciante. Cependant, après le départ de son fiancé, elle s'enfonce dans une solitude de plus en plus terrible sublimée par le cadrage et le noir et blanc. UN film classique (palme d'or en 58) à voir qui nous montre une belle histoire d'amour triste mais finalement remplie d'espoir grâce à la scène finale dans laquelle Veronica donne les fleurs qu'elle avait gardées pour Boris à des inconnus après avoir appris son décès.
Très beau film que j'ai revu avec plaisir en DVD. L'esthétique, l'histoire (la petite et la grande), les acteurs et la fin bouleversante!! Vraiment un très beau film A voir ou à revoir.
Un vieux film dans un corps de jeunot. Car j'ai trouvé ce film d'une modernité surprenante, notamment dans sa mise en scène. D'excellentes idées dans la réalisation et une très belle performance de la part des acteurs (en particulier pour Tatiana Samoilova). En bref, on peut facilement qualifier le réalisateur de "visionnaire", pour le dynamisme et la mise en scène irréprochable.
Un film qui restera dans l'histoire du cinéma tant par son émotion ou sa technique qui après 70 ans n'a pas vieillit.... Un peu de problème de naration pour mettre la note maximal....
Un chef d'œuvre qui méritait largement, en son temps, la palme d'or. La critique du système stalinien fraîchement mort n'est pas son moindre intérêt. Bien sûr le film a un peu vieilli mais la mise en scène, les acteurs (mention spéciale à l'actrice principale rayonnante), l'histoire, les mouvements de caméras, ... donne à ce film une place à part, une poésie, une candeur, une émotion palpable du début à la fin tragique.
La séquence d’ouverture nous rappelle une scène de Roméo et Juliette dont on aurait remplacé le balcon par un escalier. Cette séquence a surtout marqué le 7e art pour sa prise de vue audacieuse. Alors que le jeune amoureux monte à grandes enjambées les marches d’un escalier à paliers de plusieurs étages, la caméra le suit en restant à sa hauteur à l’aide d’un élévateur pivotant. C’est d’ailleurs par ses exploits techniques que le film s’est bâti une postérité. Certaines séquences exigeant que la caméra suive en plan rapproché un personnage circulant dans la foule sont magistralement tournées. Sergeï Ouroussevski s’est d’ailleurs vu remettre la Palme d’or à Cannes pour sa direction photo. Mais soyons juste, pas seulement pour les acrobaties techniques mais bien pour la qualité générale de la photographie. En tirant des close up de la protagoniste pas nécessairement raccord dans l’espace, cela crée une distanciation intéressante qui ajoute à la texture du film. Ces plans nous font aussi découvrir le regard lumineux et unique de l’actrice Tatiana Samoïlova. L’évolution des états d’âme de son personnage demeure la trame principale du scénario et c’est à travers ses yeux que le spectateur a le privilège de la suivre. Dommage que les tourtereaux masculins ne soient pas aussi transcendants. Néanmoins, les amours en temps de guerre demeurent un paradoxe fertile en scénarisation. Elles imposent intrinsèquement une ligne dramatique intense et potentiellement tragique qui garde le spectateur captif.