Oui, ben pas tout à fait convaincu par ce Berberian Sound Studio. Quelques bonnes choses ne font pas un film mémorable.
Dans les bons points on pourra placer l’interprétation. Toby Jones en tête, lequel a le physique de l’emploi et livre une prestation vraiment efficace, très fine, en sachant en plus qu’il porte quasiment à lui tout seul tout le film. Il se démarque en effet clairement des seconds rôles, pour l’essentiel italien, ce qui a évidemment le mérite de nous placer dans une atmosphère singulière, et cela dès le début, avec une secrétaire très « giallesque ». Non, la prestation relève clairement le niveau du film.
Un film qui peut compter aussi sur un très bon travail d’image. Dans la mise en scène bien sur, avec un réalisateur qui a compris ce qu’était le giallo, et qui multiplie les effets de style parfois au-delà même de ce que l’on peut attendre. On a un réalisateur visiblement talentueux et en maitrise, ce qui est un atout. La photographie est efficace, elle aussi, quoique de tendances un poil redondante. Le film tend à fixer une ambiance et à s’y tenir tout du long, ce qui pourra lasser, comme les décors d’ailleurs, qui finalement reste très linéaire. Autant au début c’est une belle surprise que de voir l’action se passer dans un studio comme celui-ci, ce que l’on voit peut au cinéma, autant sur la durée du film on finit par se sentir en train de tourner en rond. Quant à la musique, elle est appréciable, mais fait énormément penser à du Philip Glass, et je n’ai pas trouvé qu’elle s’insérer toujours parfaitement dans le film, qui en revanche fait un bon travail sur les bruitages et l’usage des sons, c’est vrai.
Non, le problème dominant de Berberian Sound Studio c’est le fond, et pas la forme. Qualitatif sur la forme, le film n’a en fait pas réellement de fond, et on se retrouve avec un film semi-expérimental qui finalement à le fessier entre deux chaises. Il ne se veut pas complétement expérimental, comme un Amer, et en même temps trop pour réellement enthousiasmer. Pas de suspens, peu de tension, un métrage extrêmement répétitif, doté de franches longueurs, il faut quand même s’accrocher pour tenir 1 heure 30, ce qui est regrettable pour un film de cette durée. Prenant au début, on se rend compté au bout de 30 minutes que rien ne va décoller et qu’on va avoir le droit à ça pendant tout le film, ce qui est franchement dommage. Il y avait matière à faire un film bien plus consistant, et là, sous un emballage attrayant qui parvient à maintenir l’intérêt, il y a un vide, que l’originalité du milieu dans lequel se déroule Berberian Sound Studio ne parvient pas à combler.
En clair si vous voulez voir un film avec une réelle histoire, passez votre chemin. Berberian Sound Studio n’a rien d’un giallo, et si sur la dimension visuelle ou sonore l’hommage est là, sur le fond ce n’est pas à la hauteur. Je regrette d’ailleurs que le genre giallesque inspire autant de films expérimentaux qui se réclament du genre. Il est dommage de ne retenir d’un Argento, d’un Bava, que le travail formel, et d’oublier qu’un giallo c’est un tout, pas uniquement une réalisation chiadée. 2.5.