Pink : les secrets du tournage

Pink a été présenté lors du 14ème Festival du Film Asiatique de Deauville en 2013 hors compétition. Le réalisateur Jeon Soo-il y avait remporté le Prix de la Critique Internationale et le Lotus du Meilleur Film en 2008 pour La Petite fille de la terre noire (2007).

Jeon Soo-il voit une fois de plus l'un de ses films connaître une exploitation cinéma en France avec Pink. Le réalisateur coréen a une Histoire avec la France, puisqu'il a continué ses études de cinéma - commencées en Corée du Sud - à l'ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle) pour les terminer à l'Université Paris VII, deux écoles françaises.

Pink, le titre du film, a deux particularités. La première est qu'il vient de la couleur du néon du bar Ok-ryeon qui est rose. La seconde est que le titre original, bien qu'écrit en coréen - la nationalité du film - signifie également le mot "pink" dans sa diction anglaise. En effet, les idéogrammes coréens qui composent le titre veulent dire "Ping" et "Keu" afin de rappeler le mot anglais à l'écoute. Le réalisateur Jeon Soo-il explique : "Je voulais donner au bar un nom qui ait des connotations avec les envies et les regrets des personnages (...) Cette couleur atténuée, "pink", peut évoquer aussi la tristesse, la mélancolie et les blessures des personnages."

Le film Pink a été tourné en Corée du Sud, dans un quartier qui était sur le point d'être démoli et notamment dans le bar abandonné de ce quartier désert. Une aubaine pour le réalisateur Jeon Soo-il qui y a vu l'endroit parfait pour raconter son histoire : "La question sociale est présente, implicitement, mais je voulais plutôt me concentrer sur leur façon de vivre dans ce lieu, d’en faire leur milieu de vie. C’est pourquoi ce bar abandonné au bord de la mer m’a offert des aspects esthétiquement très intéressants pour la mise en scène". Le quartier en question sera rasé après le tournage.

Dans sa formation en France, le cinéaste Jeon Soo-il a travaillé sur la période de la Nouvelle Vague qu'il découvrait alors. C'est ainsi que des réalisateurs français ont influencé son travail. Il cite notamment Jean-Luc Godard pour le montage et Robert Bresson dans la direction d'acteurs. Concernant ce dernier, il explique sa manière de faire : "Comme [Robert Bresson], je ne veux ni trop montrer ni trop expliquer. (...) J’ai demandé aux acteurs de ne pas jouer de manière trop expressive, trop extérieure. Je voulais qu’ils apparaissent comme des êtres enfermés dans leurs pensées, face à leur problème d’existence autant qu’aux problèmes de la société."