Quoi que l’on pense des festivals et autres cérémonies concernant le cinéma, on peut toujours s’attendre à un minimum de qualité de la part des films récompensés, notamment quand ceux-ci sont récompensés dans un festival comme celui de Cannes. Le Passé, qui était pas loin de rafler la Palme au nez de La Vie D’Adèle, s’est vu récompensé du prix d’interprétation féminine pour Bérénice Bejo, que tout le monde connait depuis l’immense succès de The Artist. Et c’est au réalisateur Iranien Asghar Farhadi que la française doit ce prix. Avec Le Passé, il signe une oeuvre absolument magnifique et déchirante dont la tension ne s’éteint jamais. La grande force de ce film, c’est donc les acteurs avant tout. En effet, Farhadi se contente d’une mise en scène modeste et minimaliste, pour se focaliser uniquement sur les acteurs, et les émotions qu’ils vont véhiculer pendant 2h10. Et là c’est tout simplement quelque chose d’assez impressionnant qui nous est offert, tant les acteurs habitent et incarnent leurs personnages à la perfection. Si Bérénice Bejo est effectivement excellente, en étant tout d’abord détestable puis en devenant vraiment touchante, la véritable révélation du film, c’est la jeune actrice belge Pauline Burlet, qui malgré son jeune âge, est transcendante et livre une prestation aussi remarquable et émouvante qu’inattendue. Un conseil, retenez son nom. Quant à Tahar Rahim, il est plus qu’évident qu’il a déjà fait ses preuves avec, et depuis, Un Prophète, grand moment de cinéma (et de cinéma français) en 2009. L’autre prestation sur laquelle il est important de s’arrêter, c’est celle de l’acteur iranien Ali Mosaffa, qui réussi l’exploit de tenir un rôle majeur dans une langue autre que la sienne. C’est quelque chose qui force le respect et l’admiration. Et c’est tout ce beau monde qui fait la force et la réussite indéniable de ce film. Mais si la mise en scène de Farhadi est minimaliste, elle n’est cependant pas dénuée de tension dramatique, une tension qui ne s’effondre d’ailleurs jamais et qui tient en haleine le spectateur grâce à un scénario brillant et rempli de surprises. Il y a également une ambiance très travaillée, assez oppressante et profondément dramatique (nous vous attendez pas à ressortir de la salle en sautant de joie, ou alors avec la joie d’avoir vu un des meilleurs films de cette année) qui participe à l’efficacité du film sur le plan dramatique, jusqu’à une scène finale absolument déchirante, et sans doutes l’un des plus gros moments de cinéma de cette année. En conclusion: Difficile de mettre des mots sur ce film, tant il reste une expérience, un moment de vie, à aller vivre dans les salles de cinéma. Asghar Farhadi signe une oeuvre magistrale, brillante, touchante et portée par un casting absolument fabuleux, confirmant le talent de Bérénice Bejo (qui est donc loin d’avoir volé son prix) et de Tahar Rahim, ainsi qu’Ali Mosaffa dont la prestation est remarquable, et révélant la jeune Pauline Burlet qui est clairement destinée à un bel avenir dans le milieu cinématographique (meilleur espoir féminin aux prochains César?). Un chef d’oeuvre, tout simplement.