The Bling Ring c’est le nouveau film de la réalisatrice Sofia Coppola, long-métrage présenté pour la première fois au 66e Festival de Cannes en tant que film d’ouverture de la catégorie Un certain Regard. Le long-métrage est d’ailleurs inspiré d’un article de Vanity Fair racontant comment un groupe d’adolescents a commis entre 2008 et 2009 plusieurs cambriolages dans des maisons de célébrités, pour un bénéfice de plus de 3 millions de dollars.
Braqueurs amateurs
Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, Emma Watson n’est le personnage principal de The Bling Ring, on pourrait le croire étant donné sa place sur l’affiche et surtout car c’est l’actrice la plus connue du groupe. Le film se concentre plutôt sur Marc (Israel Broussard), adolescent complexé sur son apparence (il est persuadé que tout le monde est plus beau que lui) qui entre dans un nouvel établissement scolaire. L’accueil sera rude, des son arrivée il est déjà victimes des railleries et moqueries de ses camarades de classe et autres élèves dont il a le malheur de passer sous leurs yeux. C’est par hasard qu’il va rencontrer Rebecca (Katie Chang) qui va tout de suite l’accepter tel qu’il est et rapidement devenir son amie, elle en profitera pour le présenter au reste de sa bande.
Cette jeune et jolie fille n’est pas si anodine que ça, elle a gout prononcé pour le délit et plus particulièrement le vol. Elle entraînera Marc dans son trip malsain, il l’a suivra toujours étant donné son admiration pour cette petite beauté asiatique, bien qu’il ne cautionne pas à 100% ce genre d’activités. Ça commence par des bagnoles, on vérifie si elles sont ouvertes et prend ce qu’on peut trouver ou encore mieux, on vole la voiture elle-même pour aller en soirée ou juste pour se balader et impressionner la foule avec le dernier modèle acquis que l’on a bien évidemment pas payer !
Ces aventures illégales bien que fructueuses ne suffisent pas à notre Rebecca, elle veut toujours plus et elle le veut maintenant ! Si bien qu’avec une étonnante facilité, ils trouvent l’adresse de célébrités sur Internet, et vérifient soigneusement leur actualité pour s’assurer qu’elles soient bien en déplacement. On se faufile, on escalade, on regarde partout, on a des pieds de biche au cas où mais la plupart du temps, nos stars sont tellement prises par le show-business qu’elles oublient de fermer les portes de leurs propriétés qui valent plusieurs millions de dollars !
Une fois entré dans la villa ou dans le manoir, c’est un nouveau monde qui ouvre à nos protagonistes et à nous-mêmes : le monde de la richesse, du strass et des paillettes, du bling-bling et surtout de l’intimité de nos stars préférées. C’est sans gêne et sans remord que la quasi-totalité du groupe commence à faire ses courses (let’s go shopping) : on fouille dans la garde-robe, dans les tiroirs à bijoux ou sous-vêtements, on nous vend du rêve et on est quand même impressionné par tout le patrimoine de Paris Hilton par exemple, qui a accepté de prêter sa vraie maison qui recouvre d’objets à son effigie et d’innombrables vêtements à faire pâlir de jalousie la moindre fashion victim ! Face à tout ce spectacle gorgé de robes, chaussures, argent liquide et Rollex (voila bien un truc qui me parle), les ados peinent à exprimer leur joie et leur excitation à travers ces expressions "Oh mon Dieu”, "J’hallucine" "C’est trop beau" … . Une expérience qui sera maint fois renouvelée, ont été attaqués sans le savoir Megan Fox, Lindsay Lohan ou encore Orlando Bloom.
Summer Breakers
Ces virées nocturnes sont déjà mémorables et intenses pour nos jeunes, mais ils ne s’arrêtent pas, il faut aller fêter et comme il se doit ! Ils ont pris l’habitude de fréquenter les night-clubs où ils ont l’opportunité de croiser quelques célébrités. Tout ça c’est nouveau pour Marc, mais les filles elles sont habituées à voir Paris Hilton ou même Kirsten Dunst (probablement un clin d’œil à Marie-Antoinette), elles en parlent comme si elles les connaissaient personnellement. En même temps après avoir fouillé leur intimité de fond en comble, elles en savent forcément un peu plus. On se rappelle le butin de la soirée, on porte les nouvelles merveilles de mode que l’on vient d’acquérir en soirée, ou chez soi pour délirer devant la webcam. Oh et détail important : il faut à tout pris prendre une photo et la mettre sur Facebook pour montrer qu’on est trop cool !
La petite bande de délinquants inconscients se transforment peu à peu en voleurs confirmés. Passage obligé sur Internet pour dégoter une demeure vide de quelqu’un de friqué. On s’équipe comme il faut, avec de grands sacs si possible et on prend tout ce qu’on peut. Certains jubilent à l’intérieur, d’autre font le guet. Le vol devient un sérieux échappatoire contre le quotidien ennuyeux des cours et de la vie de famille qui n’apporte pas de réel satisfaction pour eux. Le but est de repousser les limites, d’aller encore plus loin et de vivre intensément avec la réelle volonté d se démarquer des autres, comme une sorte d’élite qui serait la seule à détenir l’art et la manière d’aller chez les stars pour les dépouiller. On pense à Spring Breakers, film où 4 amies qui ont décidé de vivre le spring break de manière totale vont se retrouver entraînées dans une descente aux enfers mémorable. A peu près le même constant pour le Bling Ring, aveuglé par les paillettes, les caméras de surveillances, la pression des médias et les forces de l’ordre, le gang a quitté leur petit nuage de rêve pour atterrir brutalement sur le parquet du tribunal.
Comme Harmony Korine, Sofia Coppola filme la jeunesse insouciante, en proie à l’excès, qui est prête à enfreindre la loi pour satisfaire ses besoins insatiables, et qui se retrouverait sans doute profondément frustrée si elle ne le pouvait pas. Cette satire montre la facilité avec laquelle quelqu’un peut tomber dans la délinquance et ne plus penser qu’à cela en jugeant qu’il s’agit d’un chemin de vie juste. On voit bien la fascination des adolescents pour les stars de cinéma et de la chanson, naît chez eux la volonté de mener la même vie, d’être plein aux as, sous le feu des projecteurs (parce qu’on le vaut bien !). La réalisatrice démontre aussi le complexe d’infériorité, cette impression que tout le monde est meilleur qui renforce l’idée de se mettre en avant pour attirer l’attention, mais également l’addiction que l’on porte à nos téléphones portables et aux réseaux sociaux, où il devient primordial de s’afficher.
Le scénario du film n’est pas très complexe, composé de tranches de vies des jeunes, les délits et ses conséquences mais il se rattrape par la satire bien menée alors mise en oeuvre. On apprécie également la belle photographie qui profite à une mise en scène souvent nerveuse lors des vols organisés (caméra à l’épaule, plans-séquence…) mais surtout très claire et agréable à l’oeil dans son ensemble, surtout lorsque les plans sont bercés par le soleil doré de Los Angeles. A l’efficacité visuelle s’ajoute une bande son plutôt bonne, tâtant surtout du hip-hop (Kanye West, Rick Ross, 2 Chainz) et déjà marquante par la présence de la musique Crown on the Ground par le groupe Sleigh Bells. The Bling Ring c’est le fabuleux portrait d’une jeunesse inquiétante, confectionné avec beaucoup d’humour, de tendresse et d’ironie tragique. Il permet également de nous faire découvrir de nouveaux comédiens prometteurs, mention à Israel Broussard qui devient vite attachante et Katie Chang, excellente en chef de bande déterminée. Le talent d’Emma Watson quant à lui n’est plus à prouver, elle est comme à son habitude éblouissante !