Alors que l’on ne sait pas trop si de par son exercice de style la rapprochant de la jeunesse qu’elle a perdue, Sofia Coppola dénonce ou plébiscite la naïveté, l’oisiveté et la décrépitude de l’adolescence crasse d’aujourd’hui. Oui, alors que la réalisatrice semble tendre à ouvertement dénoncer l’abus des réseaux sociaux, de la mode et de l’intérêt porté aux starlettes par la jeunesse aisée californienne, qui déteint sur celle d’ailleurs, soit dit en passant, elle semble d’une autre part prendre un certain plaisir à atténuer son propos en faisant de son film une réelle publicité pour ce mode de vie hypocrite, débilitant et malsain. S’amusant à filmer à l’intérieur de la demeure de l’icône du n’importe quoi, Paris Hilton, Sofia Coppola démontre malheureusement qu’en voulant dénoncer, elle ne fait que renforcer l’effet de mode que peut avoir sur les jeunes la luxure de façade et le mauvais goût social.
Entichée d’un casting constitué d’un jeune efféminé et d’une brochette de jeune starlettes toutes fières de déambuler les fesses redondantes, Emma Watson la première, Sofia Coppola se fourvoie dans les premiers instants. Répétitif, bavard, anodin et franchement peu crédible malgré le message clair signifiant qu’il s’agit là d’un récit véridique, le film lasse très vite et le seul intérêt réside finalement pour beaucoup dans l’effet publicité que propose The Bling Ring. Oui, le film devient une vitrine pour les marques de créateurs, cités explicitement, pour la célébrité tant courue par une jeunesse d’aujourd’hui complètement ahurie. Les cinq protagonistes principaux du film sont si futiles et imbuvables que l’on attend impatiemment que la justice se réveille et mette un terme à cette vague de cambriolage d’opérette. Lorsque vienne finalement les larmes, c’est d’une maladresse narrative si flagrante qu’aucune émotion ne pointe à l’horizon.
Que penser donc d’un film qui fait l’apologie d’une jeunesse qui n’aura jamais été aussi malsaine? Que Coppola dénonce ou s’amuse à faire un film à la mode ne change rien, il ne s’agit là en sommes que d’une mauvaise blague mettant en avant d’avantage encore, pour ceux qui connaissent, que Los Angeles, au sortir des ghettos de South Central, est un vaste champ d’hypocrisie, une ville de lumière faite d’ahuris pensant tous pouvoir atteindre la célébrité. Et lorsque l’on constate quels sont les modèles pour la jeunesse du film, Paris Hilton, Lindsay Lohan, Audrina Partridge ou encore Miranda Kerr, l’on se dit que franchement, cette jeunesse là ne mérite pas que l’on lui consacre un film mais bel et bien qu’on lui flanque des pieds au cul. Mais finalement, le pire dans tout ça c’est la naïveté d’une telle bande de bras cassés, publiant sans cesse leurs exploits sur Facebook, l’inégalable et pervers réseau social, en paradant des liasses à la main dans les boîtes branchées de cette ville factice.
Emma Watson, que l’on attendait au sortir d’une session de guimauve aux cotés du petit binoclard, sur joue l’âme en paix une petite gerce imbattable de naïveté aussi bien que d’hypocrisie. Sofia Coppola voulant faire de ses adolescents des gravures de modes et des sex-symbol, elle ne fait que ridiculiser son casting, faisant passer tous ces jeunes acteurs pour des fondus dans la droite ligne des starlettes qui dérobent. Un film pour le moins affligeant qui fait mal au cœur lorsque l’on se rappelle les exploits de Francis Ford Coppola dans les années 70. Un film amorphe et sans relief qui donne un exemple supplémentaire à ne pas suivre à une jeunesse SmartPhone déjà complètement hors sujet. Malheureux, d’autant que Sofia Coppola n’a jusque là fait que du bon travail derrière sa caméra. A oublier, même si c’est sans le moindre effort que l’on passera à autre chose. 03/20