Sofia Coppola a vraiment son style bien à elle. Elle le retranscrit dans pratiquement tous ses films. Mais bizarrement, certains ont eu plus de succès que d'autres, et plus d'avis positifs. Mais pourtant, The Bling Ring, en plus de s'imposer comme l'un de ses meilleurs films, ne déroge pas à la règle. Si on prend comme exemple Lost in Translation, bien qu'il traite d'un sujet différent, la mise en scène est quasiment identique à celle de The Bling Ring. Lent et répétitif, mais qui parvient à nous ancrer dans une réalité illusoire, dont les cinq adolescents ont été victimes. A première vue, le film a tout d'un film mineur : c’est peut-être le plus mature de la réalisatrice. Coppola est une impressionniste de la vacuité. Et celle qui se dégage de The Bling Ring est assez terrifiante. Ces fofolles qui veulent du Chanel, s’écrient « Oh my god ! » à tout bout de champ et s’habillent pour se rendre à leur procès comme si elles préparaient un défilé de mode, prêtaient à la caricature facile. Coppola, parce qu’elle a sûrement retrouvé en elles quelque chose de la petite fille riche qu’elle était – de la même manière qu’elle s’était reconnue dans la jeune Marie-Antoinette – ne les accable pas ni ne les juge. Son regard est à la fois compatissant et distancié. Il n’y a d’ailleurs pas de personnage principaux dans The Bling Ring, film qui navigue de façon très organique entre ses différents protagonistes, qu'il s'agisse d’Israël Broussard, très juste, Katie Chang, Taissa Farmiga, Claire Julien ou encore Emma Watson (en pleine reconversion post Harry potter mais toujours aussi belle). Ainsi The Bling Ring porte la marque de fabrique de Coppola. A travers une histoire vraie, elle parvient à nous plonger dans ce rêve illusoire de pouvoir voler et gagner, sans s'occuper des conséquences que cela peut amener. On peut notamment penser aux scènes de boites de nuits, toujours filmées au ralenti, qui provoquent comme une atmosphère onirique. Les cinq adolescents ne se rendent pas compte de ce qu'ils font et vivent dans le rêve. Ainsi, le film se dévoile progressivement, la mise en scène très lente mais efficace de Coppola imposant peu à peu son ironie douce mais cinglante. Le film dégage donc une grande force évocatrice sous son apparente simplicité. Une belle réussite, qui démontre le portrait de cette jeunesse américaine perdue, tuée par le règne du bling, du bizz et du buzz. Modeste et loin d'être tape à l'oeil, The Bling Ring s'impose comme un des meilleurs films de Sofia Coppola.