Charles Berling doit être très fier que son fils Émile, âgé de 21 ans et qui a quelques bons films à son actif, soit la vedette de celui-ci, quand lui-même n’a que le deuxième rôle. Mais cela ne suffit pas, et disons-le, Émile, mal dirigé, incarnant un personnage incohérent, ne convainc pas.
Bref, Louis Verdier, censé avoir seize ans (on voit bien qu’il en a davantage), être en première et très doué pour les études, fils du proviseur de son lycée, est l’ami de Grégoire Delcourt, un cancre assez violent pour avoir menacé d’un couteau la méchante professeur d’anglais, Camille – donc il est à deux doigts d’être renvoyé. Greg et Louis, par vengeance – alors que Louis n’a aucun motif, puisqu’il n’est pas élève de ce professeur –, enlèvent la pauvre femme, avec l’intention de la séquestrer, puis de la délivrer vingt-quatre heures plus tard, nuitamment et en plein bois. Mais, le moment venu, Greg se ravise et décide de prolonger d’un jour ou deux le supplice de la malheureuse, au grand dam de Louis, lequel, néanmoins, sous l’emprise de son aîné, accepte. Mais Greg meurt dans un accident ! Dès lors, Louis, sans la relâcher, va s’occuper de la prisonnière, la nourrit, lui fournit chauffage et moyens de se laver, fait un peu le voyeur, etc., jusqu’à ce qu’elle s’évade. Alors, il l’abat d’un coup de revolver, arme dont on se demande d’où elle sort. Elle est hospitalisée, et Louis va en prison. Scène ambigüe, Louis et son père se sourient au moment de la séparation.
Si le début est plausible, le scénario sombre quand Louis est seul face à la prisonnière, car son comportement n’a plus aucune base solide. On tente vainement de le justifier en nous apprenant qu’il est perturbé parce que sa mère est morte dans un accident de voiture dont son père est responsable, mais c’est un peu mince. Les gens indulgents avancent que le film est adapté d’un roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, « L’âge bête », et que Clouzot et Hitchcock en ont fait autant. Ce qui ne justifie rien ! Clouzot, pour « Les diaboliques », avait gommé les invraisemblances du sujet en misant tout sur des acteurs exceptionnels, Simone Signoret, Paul Meurisse, Charles Vanel, Pierre Larquey, Michel Serrault, Noël Roquevert, Georges Chamarat, Robert Dalban, Jean Lefebvre, et même quelques enfants très doués, Yves-Marie Maurin, Georges Poujouly, et... Johnny Hallyday en figurant de douze ans ! Quant à Hitchcock, il avait carrément refait la fin de l’histoire sans même lire le roman, ce qui lui avait valu un procès des deux auteurs, procès qu’ils ont gagné, avec cette conséquence que « Vertigo » a été... interdit en France pendant au moins deux décennies.
Si bien qu’on ne sait plus comment classer ce film, et encore moins comment le défendre. Aussi n’essaierai-je pas.
En outre, je suis un adversaire des éoliennes, et je vois mal pourquoi il y en a tant dans ce film)