En 2012, le duo de réalisateurs Phil Lord / Chris Miller, n’ayant alors qu’à son actif le film d’animation Tempête de boulettes géantes, avait étonné le monde entier avec son adaptation délurée d’une série culte des années 80 (21 Jump Street, qui avait lancé la carrière de Johnny Depp). Un savoureux mélange entre humour sur le papier lourdingue mais faisant mouche et action explosive. Un divertissement d’envergure qui n’avait pas pris les spectateurs pour des pigeons, et ce durant l’intégralité de sa durée. Le fait qu’une suite débarque peut de temps après confirme le succès du film et met fin à l’attente de revoir nos deux bras-cassés préférés que sont Jonah Hill et Channing Tatum. Un long-métrage qu’il ne fallait aucunement louper, surtout quand nos cinéastes ont encore cartonné quelques mois avant, avec La Grande Aventure LEGO.
Qui dit suite dit forcément « bien plus ». Dans le cas de 22 Jump Street, on s’attendait donc à plus de situations délirantes, plus d’explosions, plus de gags… Pas pour Phil Lord / Chris Miller, deux cinéastes qui ont déjà eu l’occasion de prouver par leur filmographie qu’ils étaient capables de faire des divertissements hollywoodiens tout en cassant les codes imposés par les studios. 22 Jump Street ne déroge donc pas à la règle. Mais dans leur style, les réalisateurs ont été jusqu’à jouer avec l’attente des spectateurs, au risque d’en perdre au passage. Malgré un générique de fin somptueux qui dénonce Hollywood et son concept des suites (comme un changement d’adresse au 23 Jump Street), le film vise avant tout le budget plus conséquent d’une suite par rapport à son prédécesseur. En intégrant ce fait dans le scénario même du long-métrage, via le financement de la fameuse brigade de Jump Street (un aménagement plus luxueux qui nécessite de faire le moins de dégâts possibles sur le terrain afin d’équilibrer les finances de la police). En clair, 22 Jump Street a beau être plus cher que 21 (41 000 000 $ ? 50 000 000 $), il n’en proposera pas plus que ce dernier : pas plus d’action ni de délires coûteux. C’est que le scénario veut nous expliquer ! Du coup, l’immense surprise générée par 21 Jump Street disparait, et sa suite perd l’impact que l’on attendait tous. Car oui, avec un tel film, on en attendait bien plus !
Au lieu de cela, 22 Jump Street se présente à nous comme une redite du premier film, qui a quand même l’intelligence de reprendre quelques moments de son prédécesseur à sa sauce (le trip de nos héros, l’un se prenant une balle pour l’autre…) sans jamais tomber dans le déjà-vu pesant, contrairement à Very Bad Trip 2. Mais vu que la majorité des gags sont du même acabit que dans le premier opus, ces derniers se montrent plus prévisibles et donc moins hilarants. Un constat qui se renforce malheureusement quand le scénario décide de s’intéresser à la relation fraternelle qui unit nos deux héros. Des passages qui cassent le rythme du film à trop vouloir montrer ce que l’on savait déjà du premier film : rien ne peut les séparer. Le but d’une telle écriture, présentant nos héros comme un couple, était de livrer un mariage inattendu entre divertissement macho et romcom. En insistant moins sur ce fait et en se préoccupant plus de l’enquête (et donc des délires d’un tel film), 22 Jump Street aurait paru moins ennuyeux.
Néanmoins, cette suite garde l’efficacité de son prédécesseur. Si l’humour n’est pas aussi percutant que dans ce dernier, il arrive toujours à faire mouche. Cela, elle le doit surtout à son duo de choc Jonah Hill / Channing Tatum. Deux comédiens qu’il est maintenant difficile de voir séparés, ces derniers s’éclatant une nouvelle fois sans jamais le cacher. Une alchimie indiscutable qui permet aux nombreux gags de faire au minimum sourire, voire d’éclater de rire pour certains. En même temps, ils n’ont rien à regretter en ce qui concerne leurs divers partenaires de jeu, qui prennent leur pied à leur manière, Ice Cube en tête (personnellement, il est à la tête des deux séquences du film qui m’ont fait le plus rire). Une débauche assumée et travaillée de débilité tordante, alliée avec savoir-faire à une mise en scène nerveuse et maîtrisée quand l’action pète à l’écran (la course-poursuite au début du film, par exemple).
Petite déception tout de même que ce 22 Jump Street qui, s’il dépasse sans mal la majorité des comédies hollywoodiennes, n’arrive pas à retrouver l’impact du premier film. On s’amuse et on rit, c’est déjà ça de gagner ! Mais face à une suite, encore une fois, on en attendait tellement plus. Une légère frustration que le troisième opus, déjà annoncé, saura corriger. En tout cas, on l’espère !