Alors que sort actuellement le quatrième opus dans nos salles, il est temps de se lancer dans une rétrospective de cette saga cinématographique devenue culte. Hollywoodienne ? Assurément pas ! Mad Max nous provient de cette chère Australie, de la main d’un ancien étudiant de médecine appelé George Miller qui, s’en se douter une seule seconde, allait donner naissance à une célébrité (Mel Gibson), à un long-métrage devenu emblématique sur la planète entière et à une franchise encore aujourd’hui incontournable. Un début de renommée qui s’est effectué courant l’année 1979 (1980 aux États-Unis et 1982 en France) et qui posait les bases d’un univers sombre, brutal et avant tout délirant (pour ne pas dire cinglé).
Pourtant rien ne prédestinait Mad Max à une telle célébrité ! Il suffit de voir son scénario pour s’en rendre compte, dans lequel un flic essaye de protéger ses proches d’une bande de criminels adeptes du bitume, le tout se finissant par un règlement de compte prévisible. La seule originalité du long-métrage était de proposer un univers post-apocalyptique (idée appliquée seulement parce que le réalisateur et son équipe n’avaient pas un budget conséquent) et non défini (la cause de cette désolation, principalement, ne sera jamais dévoilé), prétexte à des décors vides de toute humanité, à une violence omniprésente, à une société sans aucune loi et des personnages tout aussi tarés que n’importe quel psychopathe, le tout suivant une structure narrative basée sur le western (héros solitaire envahi par la vengeance). Si cela pouvait justifier le coup d’œil, les premières minutes du film lui font pourtant défaut.
À peine lâcher dans la nature, le réalisateur nous balance à la figure son univers déjanté rempli de véritables fous du volant kamikazes, aussi bien hors-la-loi que policiers. Une introduction bien trop longue (quasiment 2/3 du film) dans lequel vont défiler des courses-poursuites, des personnages bizarroïdes et, surtout, des séquences qui, à première vue, ne semblent avoir aucun lien entre elles. Il faut bien admettre qu’au lieu de passer par de grands discours, George Miller préfère user de sa caméra et de l’image pour décrire la violence et la folie de l’être humain dans son ensemble. Et à voir ce que présente nous présente Mad Max, c’est plutôt réussi ! Mais on aurait aimé que l’ensemble se montre bien plus expéditif que cela, n’attendant pas la moitié du film pour que la trame principale (Max devant protéger sa famille) décide enfin à se mettre en place et permettre au tout de prendre de l’ampleur. Surtout que le montage, ne flirtant pas avec les codes hollywoodiens auxquels beaucoup sont habitués, risque d’en rebuter plus d’un, coupant certaines scènes comme si de rien n’était, donner à Mad Max des airs de projet décousu et incomplet. Qui semble être sans queue ni tête !
Malgré cette première et longue impression, Mad Max saura vous séduire. D’une part grâce à sa trame principale, certes clichée, mais captivante via d’un somptueux mélange entre cynisme, cruauté et humour noir (certaines répliques sont vraiment osées niveau débilité), qui deviendra dès lors une marque de fabrique de la franchise. Une signature qui s’allie à merveille avec le côté délirant et étrange de l’introduction. Un road movie sous tension à la fois jouissif et hideux qui a le luxe de s’offrir un bon casting mais surtout une mise en scène du feu de Dieu. En effet, le gros atout de Mad Max réside dans le talent et la lubie de son réalisateur George Miller d’avoir concentré toute notre attention sur les bolides (voitures, motos…) qui pullulent dans le film. Des moteurs qui n’arrêtent pas de vrombir à chaque plan. Faisant ainsi de Max Rockatansky/Mel Gibson non pas le héros mais un personnage quelconque relégué au second plan, laissant la place à des courses-poursuites et autres séquences motorisées endiablées et filmées avec une efficacité redoutable. Les vraies stars du long-métrage, ce sont elles, car elles arrivent sans mal à rendre intéressante une première partie pourtant laborieuse et à donner plus d’impact à la seconde. Rien que pour ça, il faut voir Mad Max !
Véritable OVNI australien du cinéma d’action, ce premier Mad Max marque les esprits par ses séquences véhiculées et son personnage principal (surtout la mésaventure qu’il doit vivre) et mérite son statut d’œuvre culte. Après, il est certain que le long-métrage ne plaise pas à tout le monde, à cause de son aspect hautement décousu et pour le moins étrange au premier abord. Mais une fois plongé dans cet univers unique, il vous sera difficile d’en décrocher et d’éviter les suites !