J'avoue que je m'attendais à un chef d'oeuvre d'anticipation, peuplé de punks pittoresques, puants et complètement tarés, de misère sociale, de nihilisme absolu, de violence... bref d'un futur post-apocalyptique inquiétant et sublime. Le retour sur terre fut rude parce que ce premier opus n'est finalement qu'une petite historiette assez lourde, surtout prévisible, et pas franchement très énervée...
Commençons rapidement par les éléments que j'ai à peu près appréciés, cela ira plus vite. Le grand chef des foufous de la route (je préfère ce qualificatif au "mythique" aigles de la route en vf...) est affublé, dans quelques scènes pas trop mal fichues, d'une aura inquiétante, d'une complexité psychologique qui en font une sorte de mystique décalé, de commandant sacré et exalté, du meilleur effet. Malheureusement il s'érode au fur et à mesure de la purg... du film et fini au même rang que les autres. Sa mort (oui je spoile parce que j'aime ça) caractérise suffisamment bien cet échec, réglée en quelques secondes elle détruit, au profit du héros mollasson, la seule lueur d'espoir au casting ; il y perd toute sa dangerosité, toute sa puissance d'évocation symbolique pour se transformer en canigou de la route sous les roues d'un 38 tonnes...
Du coté des éléments positifs j'ajouterais bien aussi quelques plans caméra très bien ficelés, mais un peu trop rares, l'esthétique générale opportunément vieillie, qui y gagne en cachet et en profondeur ; franchement cela fait du bien de voir des bagnoles rustiques et puissantes plutôt que des engins futuristico-plastiques faisant de la lumière et des bruits électroniques. Les fringues font un peu trop « cuir-moustache » (dédicace aux chef de Max...), elles n'en gardent pas moins une bonne apparence néo-80's.
Mais le reste... le reste... Ce fut long et éprouvant pour arriver au bout! Je ne vais pas m'étendre outre mesure mais quand je vois comment certains s'indignent devant des petites scènes d'amourette dans des productions récentes et les clouent alors au pilori sur ce seul fait (oui je pense entre autre au Hobbit) en portant aux nues Mad Max... j'ai des envies de mutilation symbolique (parce que je suis un gentil garçon qui ne touchera pas à vos intégrités physiques). Je ne sais pas combien de temps peut durer les batifolages romantiques de notre héros "badass" mais c'est plus de l'ordre de l'éternité que de l'anecdote. Si encore cela pouvait nous aider à nous attacher aux personnages, à sa femme et à son gosse... mais non, cela nous rend juste l'histoire odieuse. Sa femme gagne un peu de relief mais son gosse tout le monde s'en cogne, même sa mère visiblement puisque qu'elle le laisse littéralement traîner derrière la maison... Dire que tout cela a été construit pour expliquer le basculement psychologique de Max qui devait ensuite verser dans la vendetta haineuse. Au vu du travail famélique sur la psychologie des personnages on l'aurait vu aller nettoyer ses carreaux ou essuyer la vaisselle plutôt que de se lancer à la poursuite des méchants on n'aurait pas été tellement étonné.