Mad Max parle grosso modo d’histoires de course poursuite entre des vilains pas beaux motards et des policiers, de voleurs de bagnoles de flics et de la vie d’un flic justement, Max, joué donc par Mel Gibson. Ajoutez à ça que l’histoire se passe pendant une période où il y a des problèmes de pétrole, ce qui amène des conflits entre ces bandits et les policiers et des révolutions vont se produire pour s’accaparer cet or noir. Tout comme ces gentils collègues un chouia stéréotypé, le beau gosse a pour mission de faire régner l'ordre et la justice comme tout bon et honnête gentil flic en arrêtant ces méchants routards véhiculés. Mais la particularité (clichée) de notre policier Max est de rester calme pendant ces enquêtes et ces interventions, contrairement à son pote surnommé le gorille par exemple. Toute l’ambiance du film est marquée par des bâtiments délabrés (même pour les policiers), des personnes dérangées mentalement, des injustices, des couples qui font l’amour dehors, des grands-mères avec des fusils…
Commençons pour la réplique : "Je suis l'aigle de la route !" cette phrase exclamative est culte, étant exprimé au début par le premier poursuivi, ayant très confiance en lui puisqu’il a réussi à voler la voiture d’un malheureux policier, avec sa cruche de copine à côté. Mais pas de bol, le big boss Max le rattrape parce que c’est le héros, et ce voyou se tue, ce qui suscitera une envie de vengeance de la part du frère. Et ce monsieur, c’est Toecutter, le chef du gang de motards, qui va sillonner le coin pour mettre le bazar et bien sûr retrouver Max.
Le film est intéressant pour une chose déjà : au début, on n’indique pas le lieu, ni la temporalité, ni même le contexte historique et sociologue (une sorte d’opposé à Terminator). Pas de présentation des personnages et du lieu à la sauce Seigneur des Anneaux, et pas de voix off explicatif à la Martin Scorsese. On se doute quand même que le film se passe dans notre ère, notre civilisation, car il est mention du livre Tarzan. On se doute aussi que ça se passe en Australie si on reconnaît l’endroit, ou au moins que c’est un pays anglophone, mais à la base, dans l’intention ça peut être n’importe où, et ce « manque » d’infos explique une volonté des réalisateurs de contextualiser dans la réalité contemporaine le scénario du film dans n’importe quel pays de l’époque concerné par le premier choc pétrolier qui s’est manifesté entre 1971 et 1978.
La musique de Bryan May te met dans l’ambiance, un peu comme le générique de Psychose. Cette composition est angoissante et dépasse plus d’une fois le propos de l’intrigue, elle est parfois accentuée dans les aiguës pour émettre une notion de malaise et dans les sombres pour intensifier les moments d’émotion. Et direct, tu sens que la situation est troublante, ne serait-ce qu’avec la chamaillerie entre les deux flics au début alors qu’un gros taré les provoque au talkie-walkie. On sait que la zone n’est pas sûre et on a pas mal de types louches qui traînent.
Quand à l’introduction du héros, je l’adore ! Présentation du son "artillerie", un magnifique travelling vers son rétro viseur aussi court qu’efficace, avec une musique qui appuie son arrivée, oui là tu comprends que ce mec est badass ! On développe quasi pleinement Max : sa vie de famille (montré de façon très chiante, genre le pique-nique, le regard vers l’enfant), sa fonction de policier, ses relations avec ses collègues, son caractère « peur de rien ». Max n’est pas non plus le personnage qu’on voit tout le temps, mais ces passages sont marquants et utiles. Et parallèlement à ça, on remarque que ces voyous sont tout simplement cinglés, ils vont même jusqu’à traîner un mec en moto !
Ces mêmes cinglés avec des tendances bisexuels et fétichistes, vont tuer la femme et l’enfant de Max. Et le meurtre justement : juste le bruit des motos, rien de plus, on ne les voit pas mourir, tout est suggéré. Comme toute personne sensée, le comportement de Max change radicalement, il sera torturé ! Bien sûr, ce dernier va reprendre du service pour tuer les responsables de ce double meurtre. C’est justement là que la fin arrive. Il va réussir à dégommer tout le monde, excepté un petit chanceux, pour l’instant. Et Max se montre véritablement sadique, le mec doit se couper la jambe pour s’en sortir. Oui, comme dans Saw.
Bon la fin est réussie, mais peut-être trop courte, du certainement au budget et au calendrier, mais ça méritait plus de développement, c’était trop rapide.
Les acteurs sont pleinement investis, quand ils doivent faire n’importe quoi, ils le font, etc. Superbe interprétation de Mel Gibson, il a prouvé aux yeux du monde qu’il allait devenir un grand. Grâce à lui et à la grande réalisation très « terre à terre », proche de ses personnages, Mad Max en devient un très grand road movie, on a une ambiance poisseuse, appuyé aussi par « le petit amateurisme » du truc, mouvements de caméra avec des travellings lents qui centrent beaucoup les personnages pendant leurs dialogues, notion du hors champ totalement réussie pour laisser suggérer les violences et les meurtres, en plus de la notion de la vengeance qui était discuté à l’époque. Le montage donne un excellent rythme entre les scènes avec les voyous et celles avec Max, qui vont forcément coïncider vers la fin. Je répète sur l’ambiance, mais c’est ça le point fort, l'ambiance est froide, on a une sorte de western dystopique et post-apocalyptique, un film d’anticipation mythique et culte ! Bon certes, scénario un peu simpliste, mais un film qui a de la gueule, un style dégoûtant, qui sentirait presque l’odeur de l’essence, climat tendu, une sorte d’apologie de la violence qui a scandalisé beaucoup de spectateurs, mais qui donne son charme à l’œuvre.