Un très beau film, qui traite un sujet difficile, avec beaucoup de justesse et d’empathie pour ces personnages. C’est une famille ordinaire, avec le papa, veuf, qui élève tout seul ses deux filles .Il est chauffeur routier, souvent absent, mais les trois êtres s’aiment très fort et vivent dans le souvenir de la mère défunte, dont ils vont visiter régulièrement la tombe. L’ainée Suzanne, est difficile, elle ne se confie pas beaucoup, elle fonctionne à l’impulsion, elle s’intègre difficilement dans la société, malgré les petits boulots que lui trouve son père. A l’instar de sa cadette qui a un bon boulot, qui est plus équilibrée, vivant une vie de JFille plus classique.. Suzanne tombe enceinte par surprise, on ne saura pas qui est le père. Elle élève son fils, seule , sans s’intégrer, avec l’aide de son père, qui ne comprend pas sa marginalité, mais l’aime d’un amour protecteur , et de sa sœur qui lui donne beaucoup d’affection . Mais Suzanne reste marginale, et va tomber amoureuse d’un petit voyou. C’est l’amour passion, elle le suivra dans sa délinquance puis dans sa chute .Le film résiste à tout misérabilisme , mais se centre plutôt sur le destin de Suzanne , comme si c’était écrit, Suzanne est vouée à tomber , comme une fatalité qu’elle ne peut éviter. Mais elle vit sa passion, intensément et ne culpabilise pas .Elle se laisse porter par ses impulsions et par son destin. Le film doit aussi beaucoup à la magnifique interprétation des trois personnages : François Damiens , bouleversant en père attentif, aimant ,mais un peu passif, presque lunaire, pas assez dirigiste, dans un jeu plein de subtilité.. Et le duo de filles formidables, Haenel et Forestier, qui ont su trouver le ton juste , elles n’en font pas trop, leur relation est belle, attendrissante, on évite le misérabilisme, elles vivent avec sérénité, savent bien retransmettre toutes les émotions demandées par la très talentueuse réalisatrice Katell Quillévéré, qui se révèle surtout très bonne directeur d‘acteurs..