« Take it easy, Doc ! »
Des films étasuniens sur la mafia, il y en a des tonnes, des sérieux, des violents, des psychologiques, des sensibles, des réalistes… mais de comédies assez peu. Or, dans une comédie, souvent, on exploite les clichés liés aux stéréotypes et quel meilleur acteur pour incarner celui d’un parrain à la limite du burn out que Robert De Niro, désireux de tourner dans des comédies ?
En tant que réalisateur, Harold Ramis, ce sont surtout des comédies potaches (Bonjour les Vacances/National Lampoon’s Vacation, 1983) mais aussi plus remarquées (Un Jour Sans Fin/Groundhog Day, 1993). En tant que scénariste, ici aux côtés de Peter Tolan plus en vue en télévision et Kenneth Lonergan (qui cosignera Gangs of New-York de Martin Scorsese, 2002), c’est aussi American College/National Lampoon’s Animal House (John Landis, 1978) et Ghostbusters (Ivan Reitman, 1984), le plus souvent avec la bande du Saturday Night Live. Cette fois, c’est Billy Crystal qui donne la réplique à De Niro. Pour conclure le casting, au milieu de figures bien connues des films de mafia, on soulignera la prestation potiche de Lisa Kudrow (série Friends, 1994-2004).
Les buddy movies des années ’80 et suivantes ont cette particularité de souvent mettre en opposition les deux personnages principaux, ce qui en fait en quelque sorte des buddy movies inversés (qu’on se rappelle l’excellent Midnight Run, déjà avec De Niro et des mafieux, Martin Brest, 1988). Ce Mafia Blues/Analyze This n’échappe pas à la règle mais va plus loin en analysant le virilisme associé aux gangsters, la peur de devenir homosexuel en suivant une thérapie, la catastrophe que représente une suite de pannes sexuelles, en résumé, les attributs ancestraux du pouvoir mâle, également symbolisés par les armes à feu et les grosses voitures.
Si la réalisation est efficace, elle n’innove pas le genre. On notera malgré tout le clin d’oeil de cinéphile au Parrain (la scène du marchand d’oranges) dans lequel De Niro ne jouait pourtant pas (il n’intégrera que le second film). En revanche, la direction d’interprètes (ou leur talent naturel ?) apporte une profondeur assez impressionnante au film : la première scène où De Niro s’effondre en larmes, on en rit ; à la seconde on est ému.
C’est non seulement drôle et rythmé mais c’est aussi intelligent.