On ne dira jamais assez à quel point Robert De Niro est un acteur de comédie sous-estimé. Et ce "Mafia Blues" vient rappeler à quel point il peut être (très) bon dans le genre, surtout lorsqu'il n'hésite pas à jouer avec sa propre image. Devenu l'archétype du personnage de mafieux italo-américain ("Le Parrain 2", "Les affranchis", "Il était une fois l'Amérique", "Casino"...), De Niro apparaît comme une évidence et prend visiblement un malin plaisir à écorner son image avec ce rôle de parrain dépressif. Il n’hésite, d'ailleurs, pas à ressortir ses légendaires mimiques et devient, entre ses crises de colères et ses crises de larmes, l'attraction principale du film, qu'il porte sur ses épaules. A ses côtés, Billy Crystal fait ce qu'on attend de lui dans le rôle du psy apeuré qui se laisse dépasser par son patient. Je n'ai jamais été un fan absolu de l'acteur (plus drôle, à mon sens, lorsqu'il présente les Oscars que sur grand écran) mais il s'en sort plutôt bien bien qu'il paraisse toujours à la traîne face à son partenaire. Le reste du casting réserve de belles surprises avec Lisa Kudrow (alors en pleine hype avec "Friends" et qui ne s'éloigne, d'ailleurs, pas vraiment du personnage de Phoebe ici), Joe Vitterelli et sa gueule improbable d'home de main buriné ou encore Chazz Palminteri en rival jaloux. Concernant la mise en scène d'Harold Ramis, elle est, comme d'habitude, assez inégale puisqu'elle cumule les séquences hilarantes
(l'accrochage en voiture entre le Dr Sobbel et Jelly, la réaction de Vitti face au premier diagnostic de sa dépression, son pétage de plombs de Vitti lorsqu'il tente de dialoguer avec Primo au téléphone, ses séances avec son psy ponctuées du gimmick "vous, vous êtes bon !")
et les moments plus plats (voir dispensables). On peut, également, regretter certaines séquences un peu lourdingues, en général attribuables à Billy Crystal
(voir, notamment, son intervention lors de la réunion de mafieux finale)
. Les dialogues sont, par contre, une des grandes satisfactions du film et réservent quelques perles (ah, le "hé, c'est la bouche qui embrasse mes gosses tous es soirs" de Vitti pour expliquer qu'il y a des "trucs" qu'il ne peut pas faire avec sa femme !). Certes, on ne se trouve pas devant la comédie de l'année, ni même rien de bien original dans l'absolu (surtout quand on connaît la série "Les sopranos", qui reprend la même idée, le comique en moins). Mais l'interprétation de De NIro apporte un tel plus-value que "Mafia Blues" est vraiment à conseiller. Sa suite le sera nettement moins !