Il était une fois un prince charmant. Fatigué d'une vie qui ne lui convient plus et d'un labeur qui a trop duré, il décide de tout plaquer, du jour au lendemain, dans une chambre d'hôtel. Dans ce même endroit, Cendrillon récure, range et frotte toutes les cochonneries de son prochain. Dame de chambre le jour, elle se transforme une nuit en petit moineau virevoltant où le vent le mène.
Malgré un côté fantastique assumé, Bird People ne s'approche pas du conte mais plutôt du récit existentialiste. Ambitieuse, cette mise en scène veut capter tout ce que l'homme ne voit pas. Les gens, leurs pensées et ce qui font d'eux des êtres contradictoires. Nous sommes à la fois tous différents, et tous identiques. Pascale Ferran s'attarde néanmoins sur deux personnages, perdus dans un lieu de transit où les individus s'arrêtent mais ne vivent pas, en attendant leur prochaine destination (l'hôtel est près d'un aéroport).
La première partie, reposant sur Gary, est excellente de minimalisme. Presque en huit-clos, nous assistons aux heures les plus importantes de la vie d'un homme. Jouant la froideur et l'apaisement dans un mélange convainquant, l'interprétation du trop peu connu Josh Charles est très intelligente, à l'instar du traitement psychologique qu'en fait la réalisatrice de Lady Chatterley. Loin de tout et de tout le monde, cet homme peut réfléchir enfin à ce qu'il veut.
La deuxième partie, se passant largement à l'extérieur, se situe presque à l'opposé de la précédente. Malgré ce contraste séduisant, elle n'en reste pas moins un échec. Surfant sur le même style existentialiste, on s'ennuie beaucoup à suivre cet oiseau ne sachant pas où aller, tel le scénario perdant de vue sa cohérence générale. Nous entrons en empathie avec cette jeune femme grâce au charme de Demoustier, sans réellement la comprendre.
Il est par ailleurs heureux que la fin réussisse à remonter le niveau de la narration en mettant en point d'orgue les difficultés qu'ont les humains à se comprendre, ainsi que les paradoxes de notre langage. Existons-nous pour autrui où sommes-nous invisible dans cette société ?