Pour me consoler de la Vie d'Adèle, vu tout récemment et détesté, j'ai couru voir Bird People afin de retrouver la profondeur, la vitalité frémissante et la sensualité de Lady Chatterley.
Le sujet semblait en promettre beaucoup. Hélas hélas hélas, après un début hommage à Wenders, cela commence comme les Ailes du désir: on entend les pensées de personnes dans le RER, ce film, où il est question d'ailes aussi (de désir beaucoup moins par contre!) ne décolle, ,au propre comme au figuré, qu'après une heure et demi interminables, avec le portrait raz du plancher du personnage masculin, totalement insipide et cliché: le success boy américain qui rompt brutalement avec sa vie futile et frustrante après une crise d'angoisse dans un hotel de l'aéroport de Roissy ou il est venu pour affaire. Par malheur, l'acteur, a, en prime, à l'instar de son personnage falot, un charisme d’huître, une expressivité proche de zéro, pas un seul un instant on est touché par son histoire: pire, on s'en fout des problèmes existentiels de ce pur produit de l'Amérique libérale ( quels problèmes exsistentiel d'ailleurs? on ne saura jamais ce qui a été le déclic de sa rupture, qui en plus ne lui coûte pas grand chose sur le plan matériel). Filmé à plat, pas une once de la poésie annoncée par la critique n’effleure ce pauvre pantin au regard vide, au court de cette heure et demi ou on le voit fumer à la fenêtre,téléphoner( avec des dialogues tous plus clichés et attendus les uns que les autres), boire à son bureau, téléphoner, puis fumer à la fenêtre, téléphoner, boire à son bureau...puis rompre enfin sur Skype, avec sa belle femme blonde (forcément) et insipide autant que lui, le cliché de l'américaine dans les séries, via une scène interminable elle aussi. Deux têtes à claques dont les états d'âme nous agacent plutôt que de nous émouvoir. Quand enfin arrive l'inattendu, le merveilleux et la poésie, il est bien trop tard pour se réveiller de l'engourdissement pesant dans le lequel on a été pris au piège les 3/4 du film en se demandant tous les quart d'heure, si on ne va finir par sortir sans attendre ce merveilleux tant promis. Qui aurait peut-être pu fonctionner avec 3/4 d'heure de moins dans cette première partie et surtout un autre comédien, c'est fort dommage pour le moineau et Anaïs Demoustier qui parviennent malgré tout à nous arracher quelques sourires mais surtout une grosse nostalgie de ce qu'aurait pu être ce film au joli sujet...Gros gâchis!