"Bird People" est un film très audacieux qui risque un peu de dérouter, avec sa narration assez libre, composée de deux grands blocs, enchâssés l'un dans l'autre. L'un est consacré à Gary, un ingénieur américain en transit international, qui décide brusquement de changer de vie, et l'autre à Audrey, une jeune femme de chambre, qui travaille dans un hôtel de Roissy, où Gary séjourne. Il y est d'abord question du monde contemporain, de télécommunications, de déplacements et de stress. Au fond, à quoi riment ces modes de vie ? Gary sent qu'il perd pied et Audrey rêve les vies de ces "oiseaux de passage" qu'elle ne rencontre pas, jouant d'une soupape imaginaire pour mieux endurer son labeur de nettoyage. L'un et l'autre se sentent engoncés et c'est le lien, tacite, qui relie ces deux destins, en dehors de leurs nomadismes, plus ou moins imagés : l'un vole de capitale en capitale via des hôtels aéroportuaires, l'autre furète de chambre en chambre, pour y picorer des traces de vie. Il faudra donc se laisser aller à cette narration croisée, un peu insaisissable, jusqu'à ce que le film prenne des détours imprévisibles et bascule dans la métaphore, le fantastique... Pas de crainte pour autant, ce n'est pas quelque chose d'abstrait ou de conceptuel. Au contraire, "Bird People" est d'une narration très ludique, très accessible, c'est une sorte de conte pour adultes, plein d'enchantement malgré son point de départ, malaisé et existentiel. Pas de grand discours à l'horizon sur l'hyperactivité contemporaine (le propos du film est à ce titre assez attendu) mais davantage, un fascinant travail de mise en scène, qui tisse du rêve et de l'échappée, ou quelques issues de secours.