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jthuil
14 abonnés
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3,5
Publiée le 24 avril 2015
Une fausse comédie romantique illuminée par Emilie Dequenne et Loïc Corbéry, mais au point de vue très déterministe. Il aurait peut-être été encore plus intéressant, et finalement aussi réaliste, que cette histoire d'amour aboutisse.
Pas son genre est un film qui nous prend, qui nous donne envie de savoir le dénouement, cette histoire peut elle marcher ? La ou le film tire sa force, c'est qu'il s'éloigne des standards de ce genre de film, on échappe aux scènes clichées des comédies romantiques de base. L'histoire n'est pas tracée, les sentiments incertains. On se questionne ainsi tout au long de l'histoire en attendant le dénouement final. le réalisateur aborde ainsi des questions de sociétés plus actuelles que jamais. L'intellectuel parisien incapable d'aimer d'un coté et la coiffeuse d'Arras fan de karaoké de l'autre, les différences culturelles et sociales sont parfois à la limite du caricatural, mais on comprend d'ou le film veut en venir, c'est un film qui parle. Les acteurs sont authentiques et portent incroyablement bien ce film. On peut même se surprendre à sourire dans un film qui n'est pourtant pas vraiment comique. spoiler: La fin offre un dénouement pessimiste, mais réaliste, et finalement dans la continuité du récit.
Au départ on est gêné par les atours trop lumineux, trop évidents, de la dialectique amoureuse lorsqu'elle est passée au crible des classe sociales, de tout ce que la Culture aussi peut créer l'air de rien comme cataclysmes… Le jeu des acteurs peut d'ailleurs agacer dans ces dialogues un peu trop plat et des "mon chaton" qui énervent au plus haut point ;) Mais il faut s'accrocher parce que le final a vraiment quelque chose de bouleversant, et surtout d'insondable, on se dit soudain que les personnages recelaient une fragilité, une complexité salutaires qui rend au film son mystère et sa beauté. Emilie Dequenne effarante de vérité.
Lucas Belvaux s'essaye à la comédie romantique en racontant l'histoire d'amour entre un professeur de philo parisien (Loïc Corbery magnifique) et une jeune coiffeuse qui vit à Arras (magistrale Émile Dequenne). Dans "Pas son genre", Belvaux ne tente jamais d'éviter les clichés (le prof trop cérébral pour pouvoir s'amuser et qui ne connaît même pas Jennifer Aniston, la fille qui se limite à lire "Voici" et tétanisée devant "L'Idiot" de Dostoïevski) pour mieux les transcender lors de scènes bouleversantes décrivant le quotidien du couple. En effet, le film parvient à trouver une sorte de vérité des sentiments et de l'émotion grâce notamment à une écriture d'une grande subtilité, quasi rohmerienne, et à une interprétation qui trouve le juste équilibre entre la recherche d'un naturel pur et un décalage singulier. Même dans sa mise en scène, le film trouve une précision qui permet à certaines scènes-clés (la dispute, le karaoké, la scène d'amour) d'atteindre une intensité plutôt rare dans le cinéma naturaliste français de ces dernières années ("La vie d'Adèle" reste intouchable). En bref, un très beau film auquel il ne manque qu'une forme de radicalité (certainement dans la réalisation) pour atteindre des sommets.
Très bon film, bien écrit et intéressant et bien joué... c'est passionnant et... tellement vraiment possible ! un seul bémol, quelques redondances dans quelques discours au début. Les acteurs sont formidables, je conseille vivement ce film !
"Pas son genre" est une succession de clichés et de banalités sur fond de mise en scène scolaire et poussiéreuse : exactement le genre de film qui éloigne le spectateur du cinéma français. Tout est surligné, dialogué à l'excès. Pas d'enjeu dramatique, pas de réel conflit, une exposition sans fin d'une histoire d'amour frigide et sans intérêt.
C'est touchant et fin. On commence par trouver Jennifer nunuche et puis Emilie Dequenne est tellement rayonnante (elle court, elle rit, elle chante, ses yeux brillent), que, finalement, on en vient à reprocher à Clément de ternir son existence. C'est l'anti-Dentellière.
Sans nier la sensibilité d'une comédie mal classifiée -car on ne rit pas du tout-, le film est plutôt convenu et sans réelles surprises, la fin ne justifiant pas le moyen. Le genre de film où dès le début on sent que cela va mal finir mais qui prépare sa chute avec trop de longueurs.
Du très bon cinéma, et pour moi la révélation d'une actrice (Emilie Dequesne). Une rencontre entre deux personnes d'origines culturelles aux antipodes l'une de l'autre... Il en existe parfois, même avec ces proportions de clichés (témoignage personnel!!)... Rarement les antagonistes s'engagent autant dans la tentative d'aller vers l'autre, et c'est ça qui rend intéressant l'histoire de ce couple. J'aurais aimé néanmoins que lui aille plus loin dans l'expression de ses sentiments, de ses questionnements...surtout aux moments clé du filmspoiler: (en particulier sa douleur, quand il la perd) .
« Pas son genre » tiré du roman éponyme de Philippe Vilain (2011) peut se voir comme une relecture de «La dentellière » de Claude Goretta (1977). Comme si Lucas Belvaux cinéaste social par nature avait voulu rétablir dans ses droits Pomme l’apprentie coiffeuse jouée par Isabelle Huppert dont la fin de son amour avec un jeune étudiant de bonne famille l’avait menée jusqu’en hôpital psychiatrique. L’amour peut-il braver la barrière des classes sociales et culturelle ? Telle est la question posée par Goretta et Belvaux à quarante ans d’intervalle. Le problème ne se pose pas si souvent, les différentes strates de la société n’étant pas appelées à fréquenter les mêmes endroits ni à obéir aux mêmes rites. La comparaison des deux films dans leur déroulement comme dans leur conclusion montre l’évolution de nos sociétés. Comme Pomme, Jennifer (Emilie Dequenne) est coiffeuse mais depuis 1977 la libération des mœurs est devenue une réalité et c’est en mère célibataire assumée qu’elle entame sa liaison avec Clément (Loïc Corbery) jeune professeur spécialiste de philosophie allemande, écrivain en devenir débarquant à Arras pour fuir un amour parisien devenu impossible. Si comme dans « La dentellière » le décalage culturel est évident entre les deux amoureux, le substrat sur lequel celui-ci s’établit est complètement différent. Depuis quarante ans la déculturation est en marche relayée par les médias notamment la télévision dans un premier temps avec sa cohorte de jeux promettant la gloire sans beaucoup d’efforts, suivie par le net qui par son immédiateté a fait reine la novlangue de Georges Orwell destinée à asservir les masses. Il ne faut donc pas compter sur Jennifer pour nourrir un quelconque complexe face à Clément qui hors de son microcosme parisien ne semble plus avoir aucune influence (Belvaux en établit clairement la démonstration par une collègue de Clément qui lui conseille de se consacrer pleinement à la littérature plutôt qu’à ses élèves par avance condamnés à l’ignorance des mots). Fini le temps où celui qui sait et manie la langue était déifié et craint par les « moins sachant ». C’est à lui d’apprendre le karaoké, l’acculturation se faisant plutôt désormais dans ce sens. Bientôt Clément ne sera plus qu’un dinosaure, les élites étant à leur tour emportées par ce mouvement par elles cyniquement crée pour asseoir leur domination. On peut certes se réjouir que cet écart de culture n’entraine pas Jennifer par le fond mais on peut aussi regretter que cela soit à ce prix. Par-delà les considérations sociologiques qui sous-tendent le film, reste une très belle histoire d’amour portée par deux acteurs complètement en phase que leur opposition de style initiale finit doucement par rapprocher en une osmose qui fait plaisir à voir. Mais la force et la détermination d’Emilie Dequenne emporte tout sur son passage et le spectateur en même temps que Clément qui ne pourra que constater l’instinct de préservation de la jeune femme resté plus fort que tout. Ne voulant pas conclure par une note de désespoir comme l’avait fait Goretta en son temps, Belvaux quand même un peu romantique nous laisse un espoir de retrouvailles possibles si l’amour de Clément se vérifie assez fort. Pour son neuvième long métrage Lucas Belvaux ne cède rien quant à son exigence artistique montrant avec ce film émouvant que ses préoccupations sociales se fondent sans problème dans un éclectisme garant d’une volonté de ne jamais se laisser aller à la facilité.