Alors bon cette année je dois dire qu'en terme d'adaptation je flippais un max, parce qu'il y a trois de mes bouquins préférés qui ont été adaptés et je savais que deux d'entre elles allaient être pourries (c'est pourquoi je n'ai même pas vu Pan). Le prophète je dois dire que j'y mettais un peu plus d'espoir parce que même si au niveau du pitch j'étais réticent l'idée de regrouper différentes pointures de l'animation indépendante me plaisait bien. Alors le film a pas mal de défauts mais recèle quelques qualités, toutefois insuffisantes pour que ça le rende vraiment intéressant. Déjà en terme d'adaptation je ne comprends pas, je ne comprends pas ce parti pris de faire toute une intrigue bidon autour du personnage du prophète qui reste assez éloignée de celle du livre. Disons qu'on ne retrouve pas cette poésie du départ, mais d'un départ consentit, pas d'un départ forcé, la séparation est belle dans le livre alors que là bah on ne la sent même pas comme le personnage était en taule et qu'ensuite on le force à s'en aller. Ensuite le gros problème de ce fil rouge, hormis le fait qu'on s'en tape c'est que ça crée un lien entre les histoires. Mais la question demeure : il est où le lien en Plympton, Moore, Sfar à part le fait qu'ils fassent de l'animation ? Voilà le gros problème du film, si c'était chacun illustre un texte et on a une succession de courts bah pourquoi pas mais là on a 10 styles visuels totalement différents voire pour certains incompatibles mais tous uni dans une intrigue ce qui est totalement contre-productif. Finalement ce film n'est pas mauvais mais il fait tout les mauvais choix. Mika à la musique j'ai halluciné, qu'est-ce qu'il vient foutre là ? Je veux dire t'as l'honneur de prendre Yoyo Ma en soliste et tu lui met du Mika à côté il s'est passé quoi dans ta tête ? J'ai jamais vu aussi grande aberration c'est aussi gros que de mettre du Maître Gims après du Beethoven... Ensuite j'aurais vraiment aimer voir le film en VO et non je ne parle pas de Liam Neeson mais un vrai type qui lit vraiment les texte de Gibran en libanais au lieu qu'on se tape cette monotonie pas possible par le doubleur français. Et j'en viens à l'interprétation très délicate du texte de Gibran et je pense qu'ils se sont totalement fourvoyés en terme de scénario en faisant du prophète le Christ. Sérieusement, était-il vraiment nécessaire de faire non seulement un discours politique simpliste, pas la peine d'abaisser la profondeur spirituelle de Gibran à un discours politique mais de faire du prophète un homme à l'esprit sacrificiel ? Parce que je ne pense pas que sont discours soit axé sur l'action mais bien sur l'être, pas la peine de le faire se sacrifier, lui sait ce qui est important et il n'a pas que ça à faire de sacrifier sa vie pour que son message transcende, il sait que les gens lui prêteront attention, il n'avait nullement besoin de ça. Mais non il fallait que le film fasse en lourdeur et souligne bien que c'est héros, regardez comme il accepte son destin, ou plutôt il meurt pour que son message survive, mais le message est déjà passé. Bref j'ai trouvé cette fin contradictoire, absurde, et qui discrédite totalement le texte de Gibran. Du reste dans ce que j'ai aimé il y a l'esthétique qui sans être dingue est fort sympathique avec ses décors croqués et ses personnages en cel-shading, technique de modelage que j'aime beaucoup parce qu'elle laisse bien ressortir les traits et permet de détacher les personnages du décors, mais pas sûr que ce soit justifier. Dans les courts, à part le tout premier et celui en aquarelle avec les cerfs sur le bien et le mal, je crois que les autres ne m'ont pas vraiment marqué même ceux réalisés par de grands réalisateurs, mais je crois qu'on avait pas le temps de rentrer dedans et le fait que ce soit rattaché à une intrigue globale n'a pas vraiment aidé. Autrement dit c'est pas indigeste comme film, mais c'est une très mauvaise adaptation avec des parti pris incompréhensibles.