Elvis et Leo récurent les décors de crime : un emploi pas des plus passionnants, mais il permet de faire quelques expériences inhabituelles. C’est ainsi qu’un beau jour, ils rencontrent une créature tout droit sortie des contes de leur enfance. D’abord réticents, ils apprennent ensuite à s’ouvrir à l’autre, à passer les différences pour tenter de grandir ensemble – mais l’équilibre est trop instable pour durer : l’homme n’est pas d’une lignée altruiste. Quasi huis-clos entre une cabane en ruine et la route qui passe près, Thale relate une rencontre entre espèces, de la défiance à l’échange, des menaces à l’entraide. Un thème universel ancré dans un cadre local : le folklore scandinave a la cote auprès de la jeune garde norvégienne. Après la chasse au troll, place donc aux huldres, un curieux genre de sirènes sylvestres aux pouvoirs métaphysiques. Malgré son budget infime et la sobriété de ses acteurs, le bizut Aleksander Nordaas s’en tire plutôt bien, misant sur le cadrage et la photographie pour nourrir la tension et tenir l’attention. Ca manque un peu de nerf, et l’impression est tenace de film amateur, mais on se laisse aller à ce script étrange inspiré des légendes du grand nord. Ecolo, pacifiste, singulière et dérangeante, une fable originale et dépouillée pour ceux qui aiment bien voyager léger.