Renoir. Jean? Respect... La grande illusion, la régle du jeu.... Respect.
Auguste? Je le hais. Sa peinture me fait gerber. Il aime la chair, dit-il. Mais la chair de Renoir, blanchâtre et rosâtre, me dégoute. Tout juste bonne à illustrer les boites de Noël de chocolats à bon marché..... Je le hais!
Mais il y a Michel Bouquet. Admirable dans ce rôle de vieillard souffrant, rongé de rhumatismes, qu'on doit porter en fauteuil de la maison à l'atelier, dont on attache le pinceau à une main déformée qui serait bien incapable de le tenir et de le serrer. Michel Bouquet est renversant.
Et il y a l'été vu par le réalisateur Gilles Bourdos. Dès les premières images d'une nature luxuriante et sublime, on sent la chaleur de ce soleil d'août qui a déjà brûlé les premières feuilles. On sent le vent, ce vent chaud qui vient de la mer, qui soulève les rideaux, bruisse dans les branches d'olivier, frissonne dans l'herbe, palpite dans les feuilles.... La photographie de ce film est, en soi, une oeuvre d'art.
Renoir vit entouré d'un harem de servantes totalement dévouées au "patron". Elles le baignent, le portent, le massent, préparent ses pinceaux. C'est que, chez les Renoir, on commence modèle, on continue maîtresse, et on finit domestique.... ou dans un autre ordre.... Il y a bien eu Gabrielle, que madame Renoir (qui vient de mourir prématurément) a chassée, parce qu'elle prenait trop d'importance, en tant que modèle /maîtresse. Celle qui se présente pour la remplacer, Andrée, rousse éblouissante, est vaguement actrice, insolente, différente. Mais son corps (le corps de la ravissante Christa Theret- est une merveille, rond, ferme, lisse.... Il y a aussi dans la maison Coco, ado mal dans sa peau. Les frères ainés sont partis à la guerre. Mais Jean (Vincent Rottiers) revient en convalescence. Et va s'intéresser à Andrée.
Jean Renoir a sans doute été un bon père, mais à la façon des artistes: à côté, parce que devant, il y avait toujours la peinture. Cela, Bouquet le fait admirablement comprendre. Cet amour forcené de la nature, de la création, de la vie...
Tout est beauté dans ce film. Un pique nique au bord d'un torrent, une cascade, l'eau qui miroîte, les filles qui rient en marchant dans la rivière, portant le fauteuil du grand homme, un coup de vent, les jupons colorés qui s'envolent. Et le corps de la jeune fille quand elle pose.... Très beau. A ne pas rater.