« Le Grand Méchant Loup » est une découverte assez plaisante. Je m’attendais à quelque chose de navrant, de bêtement racoleur, étiqueté « gros rire gras », « rire facile », « gags gratuits et attendus », mais pas du tout ! Par certains côtés, ce film fait preuve d’un bon état d’esprit. Je ne dis pas qu’il est dénué de paresse, tantôt j’ai ri de bon cœur, tantôt, je suis resté de marbre. Si le conte est évidemment revisité, il reste que les petits cochons, mots à double sens pour l’occasion, aient bien des habitations différentes : la paille, le bois et la pierre, et pas n’importe quelle pierre, une grosse maison bourgeoise. Ce qui est amusant, ce n’est pas la chronologie de l’histoire qui est respectée : ainsi, le cochon de bois va se réfugier chez le cochon de paille. Tout part de Benoît Poelvoorde et de sa rencontre avec le loup, Charlotte Le Bon. Là encore, le mot est à double sens, et là le loup est au genre féminin. Une rencontre fortuite, une rencontre banale qui se traduit par un adultère de 5 à 7. Et ce qui est intéressant, le petit frère, le cochon de paille, Fred Testot, n’est pas dans la même démarche que son frère. Les réalisateur Bruno & Nicolas auraient pu être beaucoup plus paresseux en répétant la situation. Ce que je croyais naïvement après la bande annonce. J’avais déjà imaginé le scénario, et tout transposé. Ce n’est pas le cas, Testot commet l’adultère pour une autre raison que son fère. Sa misère sexuelle avec sa femme qui ne lui procure aucune émotion qui ne dégage aucun érotisme. Sa rencontre pour le coup n’est pas du tout coupable, c’est un brave gars qui n’a pas le courage de quitter une femme qui ne lui correspond pas du tout. La fidélité est une prison dont il finira par sortir. Enfin, le grand frère Kad Merad, le frère de pierre joue en filigrane les pères la moral et je me garderai bien de ne pas spolier sa situation, pourtant, sa femme semble combler tous ses désirs. Et encore plus intéressant, ce ne sont pas trois histoires vraiment distinctes, même si chacune a son identité, mais pendant que l’un vit son aventure, les autres la vivent aussi et plus le film avance, plus on s’aperçoit que les histoires s’effectuent en parallèle, pas si parallèle que ça puisque les lignes finiront par se croiser. Les situations sont sans doute convenues, mais c’est ainsi dans toutes les histoires de couples. On trompe pour refuser la routine, pour refuser une misère sexuelle... Ce film, sans être exceptionnel remplit non seulement sa mission de divertissement mais il s’inscrit dans la démarche même du conte : il a une double lecture.