"Le Grand Méchant Loup" est l'adaptation libre d'un film québécois de Patrick Huard (qui jouait David Wosniak dans " Starbuck") appelé "Les 3 P'tits Cochons", dont la sortie en France en août 2008 était restée confidentielle, et que je n'avais donc pas vu. Le titre original semble plus adapté au sujet du film, puisque les trois fères saisis par le démon de la quarantaine sont comparés par leurs compagnes aux trois petits cochons du conte, et l'analogie est soulignée visuellement par les trois maisons de Philippe, Henri et Louis, dont les façades sont respectivement couvertes de bois, de paille et de pierre (de Bourgogne !).
Le film s'ouvre sur des images en super-8 montrant trois gamins en train de jouer devant une R12 avec une vignette de 78, dans un mouvement et une ambiance qui évoque fugacement "The Tree of Life". Mais très vite, on se rend compte qu'on est plus près des Inconnus que de Terrence Malick, puisqu'on retrouve les trois bambins une trentaine d'années plus tard, au moment même où ils apprennent l'infarctus de leur mère : Philippe dans son couple heureux à la "Truman Show", Henri en train de mater un film porno, et Louis se renseignant sur l'emploi du temps de ses enfants et épouse avant de rappeler le rendez-vous commun de 19 h 15 à l'aumônerie. Car on est dans un environnement très versaillais, ville d'origine des réalisateurs, qui ont d'ailleurs invité un autre régional de l'étape, Denis Podalydes, pour un cameo assez jubilatoire où il incarne le médecin qui leur annonce l'état végétatif de leur mère en pleine joie d'avoir retrouvé ses anciens copains scouts Riri, Fifi et Loulou, et qui termine son bilan de santé en demandant "Et elle avait quelle âge ?".
Le Grand Méchant Loup, comme le suggère l'affiche qui émarge aussi du côté de Blanche-Neige, c'est donc Natacha la tentatrice innocente, celle qui par les hasards d'une rencontre entre le monospace dont Philippe a oublié de serrer le frein à main et son scooter va mettre un coin dans la fidélité qui sert de base aux mariages des trois frangins. On se dit qu'on va donc se retrouver donc dans une énième comédie française sur la crise du couple et l'infidélité conjugale, et certes, les clichés ne manquent pas. Mais heureusement, il y a une douce folie filée jusqu'au bout qui parvient à rendre originales des situations mille fois vues, comme l'utilisation dans le récit de la fonction de policière municipale de Patoche, jouée par Léa Drucker, ou le gag récurrent du chien qui doit servir de lien à la famille de Louis.
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