La réalisatrice, scénariste et actrice, Valeria Bruni-Tedeschi dédie son troisième long-métrage, "Un château en Italie", à son frère Virginio décédé du sida en 2006.
Le scénario s'inspire, en partie, de son histoire familiale dans laquelle elle s'approprie le rôle principal. Elle y excelle. Celui de la mère, étant tenu par sa propre mère, l'excellente, Marisa Borini à la fois fière et bouleversante. Et quelle belle pianiste !
Si le film m'a paru quelque peu désordonné dans un montage qui nous mène du Nord de l'Italie à Paris, de Naples à Londres, dans des allers et retours rapides et incessants il traduit parfaitement le mal de vivre de cette femme, qui cherche désespérément sa place dans une vie qui lui échappe. Un grand désordre dans une profonde souffrance au milieu desquels chacun cherche une bouée de sauvetage. Un dernier sursaut, aussi, pour trouver l'envie de continuer de vivre.
Il est question ici, du temps qui passe au travers des saisons, du désir d'être mère pour une femme de quarante ans. De la rencontre avec un homme de vingt ans son cadet. De la maladie qui touche le fils adoré pour l'une, le grand frère pour l'autre. Filippo Timi est magnifique, entre émotions et colères, refus et abandon, son jeu traduit parfaitement la rage de ceux qui se savent condamner.
Valeria Bruni-Tedeschi enchaîne avec subtilité les situations tragiques avec d'autres qui frisent le grand délire. La scène qui se déroule à Naples. Le déjeuner chez la mère de son jeune amoureux, ou encore celle de l'insémination artificielle qui restera dans les annales. On sent dans l'écriture du scénario la plume bien présente des fidèles Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy. D'autres passages ne m'ont pas paru indispensables, comme celui du début dans le couvent, l'accident du scooter ou l'arrivée du curé pour l'enterrement. Un détail.
Xavier Beauvois dans le rôle, d'un alcoolique totalement paumé, ancien ami de la famille, celui par qui la vérité a éclaté, est remarquable. Il en va de même pour la truculente Marie Rivière.
Certains pourraient être gênés par le côté grande bourgeoisie, et quelque peu décadent du sujet. En cela Valeria Bruni-Tedeschi ne renie pas ses origines et le confort de vie qui va de pair. Elle souligne dans des interviews le livre de Giorgio Bassani "Le Jardin des Finzi Contini", comme une référence au déracinement mais aussi, au déclin de cette classe de la société.
"Un château en Italie" m'a souvent bouleversé, fait rire aussi. Pour ma part, ce troisième long-métrage est une belle réussite.