Au début du téléfilm est écrit : « librement inspiré d'une histoire vraie ». À de très rares exceptions près, je ne vois pourtant pas comment pourrait-on être plus fidèle à l'œuvre originelle tant cette adaptation est littérale. C'est en définitive un peu sa force et sa faiblesse. D'un côté, on retrouve avec beaucoup de précision et de respect la (longue) nouvelle de Stefan Zweig, Édouard Molinaro et son scénariste Jean-Claude Carrière se permettant uniquement quelques ajouts, notamment à travers la présence d'une amante de passage : pourquoi pas. Avec ça, difficile de ne pas être un minimum élégant et touchant, d'autant que si Irène Jacob agace dans un premier temps à travers une voix-off lourdement empathique, cette réserve s'estompe une fois qu'elle apparaît : émouvante, sensible, elle correspond presque en tout point à l'image qu'on avait pu se faire de cette héroïne si singulière, tout comme Christopher Thompson, très à l'aise dans ce rôle d'écrivain aussi séduisant que superficiel. De l'autre, on peut trouver ça un peu plat de se « contenter » d'adapter quasiment à la ligne près ce classique, d'autant que si Molinaro fait preuve de soin et de sérieux, la dimension téléfilm reste présente, notamment quant au budget (notamment dans les décors) et à la photographie, les costumes étant, en revanche, de bonne tenue. De plus, c'est bien connu : ce qui fonctionne brillamment en littérature ne fonctionne pas forcément à l'écran, ce qui est en partie le cas ici. Toutes les scènes ont beau retranscrire fidèlement le roman, elles manquent souvent de lyrisme, de passion, ne retrouvant que partiellement l'intensité qu'était celle du livre, la seule scène faisant exception étant la danse improvisée de Rose, peut-être encore mieux décrite et plus développée ici. Ces 90 minutes défilent ainsi sans bouleversement mais sans ennui non plus, le récit originel restant suffisamment fort pour que l'on se sente un minimum impliqué, la grande tristesse de l'œuvre devant également être connue à l'avance pour ne pas déprimer ensuite un mois durant. Je ne sais pas ce que j'en aurais pensé si je n'avais lu la nouvelle quelques semaines auparavant : sans doute aurai-je été plus généreux. C'est une adaptation ô combien fidèle (sans doute trop, donc) et classique s'assumant telle quelle : pourquoi pas, à condition de ne pas la comparer avec la sublime version de Max Ophüls en 1948. Honorable.