Stuart Gordon c’est un peu raté avec Robot Jox. Peu connu dans sa filmographie, ce métrage ne mérite pas franchement de sortir du lot, même s’il suscite une certaine curiosité.
D’abord le casting est peu marquant. La seule qui m’a un peu surpris c’est Anne-Marie Johnson, qui joue avec vigueur, et apporte du charisme à son personnage. Ce-dernier manque un peu de substance, mais elle lui insuffle du caractère, et c’est déjà bien. En revanche pour le reste les acteurs ne retiennent pas l’attention. Gary Graham ou Paul Koslo, qui portent les deux autres personnages importants du film jouent mais sans plus et ne parviennent pas, du coup, à tirer Robot Jox de la série B bas de gamme à la petite production de SF (qu’il devait être avec un budget très confortable quand même).
Le scénario est du même acabit. Le film commence plutôt bien et plutôt vite, mais ensuite il se délite. L’histoire devient très vite peu entrainante, avec de gros passages à vide. L’intrigue devient très basique, et les robots apparaissent peu. En fait le métrage s’attarde beaucoup sur les relations entre les personnages, au détriment très nettement de l’action. Du coup, comme les personnages en question sont sans surprise et les acteurs plutôt moyens, Robot Jox en toute logique devient un film quelconque sans grande saveur. Il vaut surtout pour son ouverture, et son final (même si la conclusion ultime fait sourire, au moins il y a un affrontement de robot qui vaut le coup).
Visuellement, pour un film de 1990 avec 10 millions, le résultat est honnête. La mise en scène de Gordon d’abord est bien au rendez-vous. Il est efficace, il prend plaisir à filmer ses robots lorsqu’ils sont là, et il délivre quelques scènes chocs inattendues (dont un meurtre rapide et sans bavure !). La photographie est un peu pâle. Elle peine à instaurer une réelle ambiance, et c’est assez regrettable connaissant quand même le réalisateur. Quant aux décors, bons, ils n’ont plus grand-chose de futuriste, et même à l’époque ils renvoyaient davantage aux films des décennies antérieures (c’est d’ailleurs peut-être un hommage volontaire). En revanche les effets spéciaux sont très solides. J’entends cela bien sur par rapport à 1990 et à un budget convenable mais pas démentiel. Les robots ont de l’allure, les combats valent le détour, et même si ce n’est pas Pacific Rim ou Transformers, Gordon offrait déjà avec Robot Jox un film de robots prometteur. Dommage qu’ils n’apparaissent que trop peu. Contrairement à beaucoup de films de Gordon, peu de scènes violentes. En dehors du meurtre que je citais plus haut, de ce point de vue le film est très dépouillé, ce qui le rend plus accessible à un public peu sensible à l’horreur ou au fantastique craspec. Quant à la bande son elle est assez décevante, n’apportant rien de particulier.
Pour conclure, Robot Jox c’était un coup bien tenté pour Gordon de réaliser un film de SF généreux et culotté. Malheureusement, il a semblé manquer d’ambition. D’une part en se dotant d’un casting peu savoureux, ensuite en jouant le bavardage plutôt que l’action, et enfin en ne donnant pas suffisamment de consistance visuelle à son métrage pour que celui-ci passe la décennie au moins, sans tomber dans le kitsch. L’ensemble se regarde, et il y a de bonnes choses, à commencer par les robots. Je lui accorderai donc un 2, mais voilà un film qui n’est pas dans la filmographie de Gordon indispensable.