Le Jour des fous appartient à ces séries B des années 80 à tout petit budget qui ont fait les beaux jours du cinéma de genre à une certaine époque. Si certaines ont mal vieilli, d’autres, à l’instar de celle-ci, ont su garder un certain intérêt malgré des lacunes.Le casting est ici plutôt une bonne surprise. En effet si l’on met de côté un doublage français médiocre, dont le film n’est après tout pas responsable, on se retrouve finalement avec des interprètes assez justes, qui reflètent bien une certaine jeunesse de l’époque, celle des loubards pas finauds, avec une belle crédibilité. Cela, d’autant que les personnages n’ont pas une grande épaisseur, et qu’ils auraient franchement pu se marcher sur les pieds ayant des caractères finalement assez proches. Ce n’est pas le cas, chaque acteur donne à son personnage un petit relief appréciable. Pour ma part j’ai trouvé que dans le registre du slasher, on tenait plutôt ici le haut du panier. Le tueur en fait cependant beaucoup, à la fois en tant que victime et en tant que méchant, ce qui est un poil agaçant.Le scénario est très efficace. Découpé en trois parties, on assiste au bizutage, pour le coup violent et pervers, et à la présentation des personnages au passage, ensuite il y a la séquence découverte des lieux, et enfin le moment où tout bascule dans les assassinats. Le film est rapide, chaque partie est rondement menée, on ne s’ennuie pas, le métrage distribuant avec efficacité ses scènes marquantes. Ce qui pourra séduire aussi ici c’est le côté jusqu’au-boutiste du film, qui ne s’enlise pas dans la demi-mesure, et qui bien que teinté d’humour noir, reste suffisamment sérieux pour accrocher le fan d’horreur pure. A noter une fin qui se veut à rebondissement, même si elle est inattendue, je ne sais pas si elle se justifiait réellement, ou alors pour expliquer les phénomènes irréalistes qui émaillent le métrage.La réalisation est très propre. Le réalisateur est à l’aise, il le prouve, par un travail fluide et dynamique, et une très belle exploitation des décors, ce qui se révèle en plusieurs occasions. La scène de bizutage est impressionnante d’efficacité, les meurtres sont globalement bien foutus, et la mise en scène y est pour beaucoup. Les décors sont solides, et cela malgré un tout petit budget. Extérieurs comme intérieurs le film est très réussi en la matière, avec un lieu abandonné crédible et surtout parfaitement utilisé. On navigue comme dans un labyrinthe dans cet endroit. La photographie, plus travaillée que prévue renforce cette bonne impression, certaines scènes sont mêmes de par les éclairages très réussies. Alors évidemment on est dans un slasher, l’horreur à son importance. Le film se montre violent, avec des meurtres franchement peu enviables pour l’essentiel. Certains sont spectaculaires bien que peu réalistes, et les effets visuels restent percutants même s’ils ont vieilli. L’effort sur la bande son, minimaliste et pourtant réellement impactante est à souligner.En clair Le jour des fous à des qualités c’est indéniable, et surtout le film tient encore la distance dans son genre. Beaucoup moins connu que Le bal de l’horreur par exemple, je trouve qu’il a bien mieux vieilli, et qu’il reste aujourd’hui plus qu’une curiosité, un vrai divertissement qui en a encore sous le pied. Bien violent, cruel même, d’une simplicité déconcertante mais d’une efficacité qui percute, j’ai trouvé ce métrage simple, généreux, qui ne se prend pas la tête et balance au spectateur ce qu’il est venu voir avidement. J’hésite à pousser jusqu’à 4, le cœur le voudrait mais la raison m’amène tout de même à être plus raisonnable, car l’ensemble est tout de même riche en maladresses et en approximations.