Fort d'un carton phénoménal au box-office mondial le plaçant en cinquième position des plus gros succès de tous les temps et en pôle position pour un film d'animation (détrônant ainsi Toy Story 3), le dernier long-métrage signé Disney a attiré toutes les attentions lors de sa sortie dans les salles obscures, avant de conforter sa prééminence en raflant plusieurs lauréats du meilleur film d'animation, notamment aux Oscars et aux Gloden Globes. Bien souvent loué par la critique et même élevé au rang de meilleur cru depuis des années de son célèbre studio d'animation, La Reine des Neiges mérite-t-il vraiment tant de louages ? S'il manifeste de belles et puissantes qualités, en plus d'une remarquable volonté, le film est loin d'atteindre les cimes des chefs-d’œuvre de la maison comme Le Roi Lion ou encore La Belle et la Bête pour ne citer qu'eux.
Disney manifeste avec La Reine des Neiges sa volonté de revenir à ses sources, à savoir la musicalité. Le film est truffé de mélodies diverses et variées, dont malheureusement la plupart ne sont pas aussi entraînantes et enchanteresses que l'engouement de leurs protagonistes animés, suscitant même parfois l'ennui. Toutefois, nous retiendrons la superbe - et ô combien trop courte - composition de Libérée, Délivrée, délicieuse chanson aux tonalités charmantes. Mais la véritable puissance de l'œuvre de Chris Buck et Jennifer Lee réside dans ses esthétisme et travail graphique. Des paysages enneigés aux étendues de glace en passant par les flocons d'or blanc, tout n'est que magnificence, les somptueux jeux de lumière parfaitement maîtrisés et l'animation virtuose renforçant cette splendeur. En somme, vous l'aurez compris, La Reine des Neiges est un régal pour les rétines.
Cependant, tant d'honorables ambitions se voient gâchées par un scénario étrangement lisse, sujet à la lassitude. Même si Disney n'a jamais fait preuve d'histoires réellement complexes et denses, cette fois-ci la trame narrative tiendrait presque dans un Carambar. S'inspirer davantage du conte originel de Hans Christian Andersen dont il est tiré eut peut-être été plus judicieux afin d'éviter certains passages monotones. Toutefois, le studio se montre très habile dans l'adaptation en épargnant la noirceur de l'œuvre du romancier danois, pour écrire une histoire plus universelle aux teintes humoristiques (notamment grâce aux personnages d'Olaf et Sven) et toujours porteuse de belles morales, adaptée à la fois aux publics en bas âge et plus mature. Comme d'habitude, Disney véhicule des valeurs parmi les plus nobles - l'amour, la solidarité, l'amitié et la fraternité entre autres - et aborde des thématiques sociétales importantes aux yeux d'une enfance innocente comme la naïveté du premier amour, la peur et le rejet de la différence dans une société qui ne jure que par des codes universels auto-proclamés pour ne citer que les principales.
Même si La Reine des Neiges se révèle moins puissant que veut le prétendre la critique, il n'en demeure pas moins que la magie opère magistralement, entre douces mélodies enchanteresses, animation visuellement splendide et morales raffinées. Le nouveau chef-d'œuvre du plus célèbre studio d'animation n'est pas encore arrivé, mais il convient de souligner les ambitions louables du tandem Chris Buck/ Jennifer Lee, qui prouve une fois de plus que seule la magie de Disney parvient à susciter autant d'émerveillement chez les petits comme les grands.