Avis sur Roméo et Juliette

Renato Castellani (Dcd en 1975) est aujourd'hui un peu oublié parmi les grands noms de l'âge d'or du cinéma italien.

Pourtant sa filmographie fut saluée et reconnue en son temps, comme en témoigne les prix qu'elle obtint à Cannes ( palme d'or pour " deux sous d'espoir", grand prix à Venise pour " le soleil de Rome " , " Roméo et Juliette", dont il est ici question, Lion d'or à Venise en 1954).

Lorsqu'on on observe la sélection qui était proposée à Venise cette année là, on reste sans voix. " L" intendant sansho" de Mizoguchi, " les sept samouraïs " de Kurosawa, " sur les quais" de Kazan, " la Strada" de Fellini, étaient en concurrence avec le film de Castellani qui coiffa tout ce beau monde, au poteau.

Voilà un exemple ou la postérité met aujourd'hui tout le monde d'accord. L'adaptation shakespearienne de la fameuse pièce de l'auteur anglais ( il s'inspira lui même de la tragédie antique) malgré ses qualités, est un film qui n'atteint pas, loin s'en faut, le standard des quatre chefs d'œuvre précités.

Le scénario est bien connu : les Montaigu et les Capulet sont deux familles de Vérone qui se détestent. Pourtant Romeo Montaigu et Juliette Capulet s'aiment d'un amour sans borne. Mais que pèse l'amour face à la haine ?

S'il faut rendre hommage aux costumes, aux décors ( de nombreuses scènes sont tournées à Vérone dans la vieille ville), on regrettera tout de même la lourdeur de certaines scènes ( surtout regroupées dans les dernières quarante cinq minutes de ce parfois trop long métrage de 135 minutes).

Si l'on compare d'autres adaptations cinématographiques de l'oeuvre de Shakespeare (cf " Othello" de Welles surtout ou "Jules César" de Mankiewicz, "Hamlet " de Laurence Olivier, cet opus de Castellani fait à côté pâle figure.

Néanmoins, les amateurs d'adaptation en costumes d'époque, de pièces de l'auteur anglais, ne négligeront pas ce "Roméo et Juliette". La première heure offre un profil souvent attrayant pour le connaître.

Cependant les trois opus de Castellani qui relèvent du néo réalisme rose et notamment " deux sous d'espoir" et " primavera" sont (à mes yeux) d'un niveau de réussite incomparable.

Un chef d’œuvre. Un très beau film sous une forme théâtrale. La célèbre pièce de Shakespeare est fidèlement adapté . Laurence Harvey a joué dans Un crime dans la tête. Susan Shentall a joué dans Le Narcisse noir.