Il fût un temps ou le simple nom de James Wan suffisait amplement à me faire frémir d’avance juste avant d’aller voir un de ses nouveaux films. Le monsieur est quand même celui qui a fourni le matériau d’origine, et le seul et unique chef d’oeuvre de la saga Saw, qui réinventait totalement le thriller, de manière efficace. Puis en 2010, il y a eu un drame. Ce drame, c’est l’effroyable navet qui porte le nom d’Insidious qui a ridiculisé tout le talent du monsieur, le décrédibilisant complètement! Cette année le revoilà sur nos écrans, présentant Conjuring: Les Dossiers Warren, qui s’inspire de faits réels. James Wan a-t-il retenu les leçons de son échec? Ce visionnage de Conjuring: Les Dossiers Warren confirme un fait: découvrir un film en salles, sans en connaître l’histoire et sans en avoir vu la bande-annonce peut s’avérer absolument jouissif. James Wan vient de laver son nom de la purge Insidious, à qui il a malheureusement donné suite, mais bon on ne crachera pas dessus avant de l’avoir vue, en offrant cette fois-ci un véritable film d’épouvante, redoutablement efficace. Pour faire court, Wan magnifie tous les codes du genre, pour les resservir à sa sauce, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a mis du cœur à l’ouvrage pour nous montrer à quel point il connait le genre, et sait utiliser toutes les possibilités de celui-ci quand il est inspiré. Conjuring est de loin le film le plus terrifiant de l’année, et s’impose pour l’instant comme le meilleur film du genre de la portée de 2013. Non content de vous offrir l’opportunité de découvrir un peu plus intimement le fond de votre siège confortable, et ses accoudoirs qui vous permettent de ne pas briser les os du bras de votre partenaire/voisin après quelques hurlements incontrôlables, Conjuring offre aussi un des meilleurs scénarios qu’on ait pu voir dans le genre horrifique. Un mélange parfait et saisissant d’horreur, de thriller et de drame, pour un traitement original de l’histoire en deux points de vue distincts, qui permet de donner aux quatre personnages principaux plus de consistance et de présence à l’écran. Le tout est d’ailleurs merveilleusement écrit, évitant dans ses diverses situations horrifiques tous les clichés possibles, ou en les utilisant de manière judicieuse et réfléchie afin que les effets de peur ne soient pas prévisibles et perdent de leur efficacité. Ainsi, on se surprend à sursauter et à crier devant de simples jump scares, à frémir devant le moindre bruit inquiétant (le travail sur le son étant tout simplement extraordinaire), et à être pris de sueurs froides devant le réalisme qu’apporte la mise en scène de James Wan, et qui démontre à quel point le concept des found footage est foireux et ne s’avère être qu’un parti pris de réalisateurs fainéants, en faisant une nouvelle démonstration de son talent pour les plans-séquences, et qui prend le parti de filmer en grande partie caméra à l’épaule, ce qui donne une aisance de mouvement à celle-ci, et permettant une immersion instantanée dès la première séquence, qui donne le ton et l’ambiance 70′s du film par le biais d’une esthétique sublime et soignée. Côté casting, il est bon de voir que Patrick Wilson s’est racheté une crédibilité avec ce rôle d’Ed Warren. Parce qu’après avoir campé le Hibou dans le merveilleux Watchmen de Snyder, le voir se ridiculiser lui aussi avec la niaiserie de son personnage dans Insidious, le film roi des abysses de la médiocrité, était une chose bien triste qu’il ne serait pas regrettable d’effacer de nos mémoires. Il fait la paire avec Vera Farmiga, très touchante dans son double rôle de médium et de mère de famille. Quant aux deux autres protagonistes, si Ron Livington est un peu transparent, on retiendra la performance étonnante, et effrayante, de Lili Taylor. D’ailleurs, il est intéressant de remarquer que chaque détail est pris en compte, puisque au fur et à mesure que l’histoire avance, les couleurs vives que porte le personnage de Taylor deviennent de plus en plus ternes. Comme dis plus tôt, c’est du niveau du détail, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres! Tout ce beau monde, y compris les quatre jeunes filles qui jouent les filles Perron, offre donc un casting tout ce qu’il y a de plus convaincant. En conclusion: Conjuring: Les Dossiers Warren marque donc le retour du très grand James Wan, qui propose ici son deuxième chef d’oeuvre, que l’on peut déjà inscrire au panthéon des meilleurs films d’horreurs. Avec son scénario intelligent, qui reprend les codes du genre pour les utiliser de la meilleure façon qui soit (on y trouve la meilleure séquence d’exorcisme qui est jamais été faite depuis L’Exorciste), et en utilisant judicieusement les clichés à son avantage, le film offre une heure cinquante de terreur absolue. Ambiance oppressante et angoissante, esthétique léchée, mise en scène habille, et références par-ci par-là, Conjuring relève le niveau du genre horrifique à un point auquel on était plus habitué à le voir. Incontournable!