Quatre ans avant un « Marie-Francine » plus consensuel et un peu décevant, Valérie Lemercier s'était essayée à cette étonnante histoire d'une adoption tournant à la catastrophe, mal reçue par la presse comme le public. Et pourtant... Le problème avec le cinéma de Lemercier, c'est que les gens s'attendent à être hilares du début à la fin et en sortent donc parfois mécontents. Seulement, ça n'est pas ça, le « style Lemercier ». Elle ne cherche pas à faire rire à tout prix, elle cherche des situations étonnantes, originales, parfois grinçantes sans pour autant se départir d'une réelle humanité, justement parce qu'elle n'idéalise pas ses personnages. Sur un scénario semblant vouloir renouer avec la tradition de la grande comédie italienne, la réalisatrice de « Palais royal ! » ne réussit pas tout, mais a un réel talent pour offrir des protagonistes qu'on a pas l'habitude de voir aujourd'hui, assumant une certaine mesquinerie, un désir de confort que rien (ou presque) ne saurait troubler, les seconds rôles (plutôt bien exploités) entrant totalement dans cette logique. Et puis franchement, oser raconter une histoire sur un enfant rejetant sa famille adoptive, c'était franchement couillu et l'amie Valérie refuse longtemps de céder à la facilité...
Longtemps, mais hélas pas jusqu'au bout. Ba oui, parce que malgré tout elle aussi n'est qu'humaine, et ne peut s'empêcher de nous imposer une fin relativement bien-pensante, sans se départir toutefois (c'est important) de son ton pince sans-rire, loin de toute mièvrerie mal placée.
Après, je peux comprendre qu'on ne trouve pas ça assez drôle, le manque de rigueur dans le rythme comme dans le montage étant parfois réel. Reste que « 100% cachemire » n'est pas une comédie française comme les autres : elle assume sa différence, fait des choix, et même si on aurait aimé qu'elle aille jusqu'au bout de sa démarche, cela n'enlève pas l'audace initiale d'aller contre une bien-pensance trop souvent présente dans le cinéma hexagonal. Pas mal du tout.