Au fil des ans, Danièle Thompson, célèbre scénariste de quelques-uns des plus grands succès du cinéma français, souvent réalisés par son père, feu Gérard Oury (« La Grande Vadrouille », « La Folie des grandeurs », « Les Aventures de Rabbi Jacob », « L'As des as »), mais aussi de « La Boum » ou « La Reine Margot », a transformé le film choral en véritable terrain de prédilection. Son leitmotiv. Son terrain de jeu. Son savoir-faire.
Danièle Thompson y dépose, en effet, assez régulièrement son thème phare : la famille et ses turpitudes. Sa filmographie en qualité de réalisatrice en témoigne : « La Bûche » tout d'abord en 1999, puis « Décalage horaire » trois ans plus tard, « Fauteuils d'orchestre » en 2006, « Le Code A Changé » à nouveau trois ans plus tard, et enfin aujourd'hui le kaléidoscopique « Des gens qui s'embrassent ».
Avec « Des gens qui s'embrassent », Danièle Thompson poursuit, sans dépoussiérer le genre, ses engagements avec le sujet chéri de la famille et ses travers. Une famille lambda. Comme celle de tout le monde, y compris la sienne, puisqu'on retrouve ici Christopher Thompson, son propre fils, à la plume du scénario.
Il y a d'abord Roni, interprété par Kad Merad, l'acteur aux deux mimiques, ici indécrottable fêtard au QI zéro. Puis son frère, Zef, incarné avec un peu plus de brio par Eric Elmosnino, austère dans ses convictions religieuses et ses tabous. Tous deux sont juifs, l'un est artiste, l'autre commerçant. Leur père est gâteux et embarrassant. Son interprète, Ivry Gitlis, cabotine à mort. Les épouses, utilitaires et cruches, prennent les visages respectifs de la jolie italienne Monica Bellucci et de la moins belle Valérie Bonneton. Des interactions en dents de scie. Entre le couple bling-bling agaçant formé par Kad Merad & Monica Bellucci et l'horripilant ménage Eric Elmosnino / Valérie Bonneton, cruelles déceptions !
Des situations convenues. Des gags attendus. Une mise en scène très (trop!) théâtrale, marquée péjorativement par une image médiocre avec des séquences qui ne décollent pas. Aucune originalité, aucune envolée. Rien de bien transcendant jusque-là.
C'est plutôt du côté des enfants qu'il faut se tourner pour trouver satisfaction. En priorité vers Lou de Laâge, grand espoir du cinéma français, qui, après avoir donné avec fraîcheur la réplique à Guillaume Canet dans « Jappeloup », tire ici son épingle du jeu, en interprétant avec naïveté et énergie Noga, la fille d'Eric Elmosnino. Autre surprise : le chanteur – humoriste Max Boublil, dont la présence sur grand écran est fort sympathique. Le compositeur à l'origine du tube décalé « Ce soir tu vas prendre » incarne avec panache l'amoureux transi des deux jolies trentenaires du film.
Bilan : Et dire que « Des gens qui s'embrassent », comédie romantico-chorale, a coûté la somme colossale de 14,5 millions d'Euros. De l'argent foutu en l'air. De péripéties cocasses sur le papier (1 mariage et 1 enterrement – après tout, les Anglais l'avaient déjà fait), Danièle Thompson tire un film ennuyeux, creux et à l'humour déficient. Saluons seulement les révélations Lou de Laâge & Max Boublil, qui ne devraient pas tarder à faire reparler d'eux dans les prochains mois.