La bande-annonce de Dracula Untold laissait présager un film divertissant, avec un sujet un minimum attirant, tout en révélant une tête d’affiche sacrément charismatique. Pour une fois, la promo ne s’est pas trompée. Dracula Untold, ou comment Vlad Tepes est devenu le plus célèbre des vampires, est porté par le magnétique Luke Evans (Fast and Furious 6, Le Hobbit : la Désolation de Smaug), et propose un spectacle à la hauteur de nos attentes, si peu soient-elles.
En l’occurrence, on suit le prince Vlad III, un homme au passé sanguinaire (ancien guerrier que tout le monde connaissait sous le nom terrifiant de L’Empaleur), qui ne rêve maintenant que de paix pour son royaume et sa famille. Hélas, les Turcs ne le voient pas de cette façon, et le sultan Mehmet II (Dominic Cooper) lui ordonne de lui fournir 1000 hommes, dont son fils, pour intégrer leur armée. A cause de son refus, le prince se retrouve en très mauvaise posture : lui et son peuple deviennent l’ennemi d’une armée redoutable.
Toute cette partie du film sonne étrangement très bien. Les scènes sont assez bien dosées pour qu’on puisse facilement s’attacher au personnage principal : ses moments intimes avec ses proches sans pour autant faire du dégueulis de sentiments, ses instants de tension où le choix lui est donné de prendre une bonne ou mauvaise décision, on se sent concerné dans le tragique destin de cet homme.
Et puis le spectaculaire débarque, dès le moment où Vlad passe le pacte avec ce démon immortel, se retrouvant ainsi en possession de tous ses pouvoirs. Et là encore on est surpris de ne pas trouver ça si ridicule. Certes, Dracula Untold n’est pas non plus exempt de défauts, et on en parlera plus loin, mais pour un film où l’on misait pas même un slip sale, on préfère partager ce sentiment de surprise.
D’autant plus que cette relecture du mythe de Dracula se veut extrêmement Marvelien. Concrètement, Vlad Tepes pourrait largement avoir sa place dans un Avengers, sans perdre la figure. Ses super-pouvoirs n’ont pas à rougir, bien au contraire. Par exemple, Dracula peut « éclater » son corps pour se transformer en une multitude de chauve-souris, et ainsi gagner en vitesse et invisibilité. Il faut adhérer à l’idée, c’est certain, mais on reste dans du divertissement sympathique, sans prise de tête, et bien mené.
Après, il faut dire que Luke Evans fait franchement partie de la réussite du film. Qu’il soit souriant et avenant, ou féroce et brutal, Evans maîtrise avec justesse sa palette d’émotions, et parvient à convaincre sans peine qu’il est un excellent Dracula (incomparable avec Gary Oldman car il ne joue pas dans la même catégorie, mais très très loin du vomitif Dracula dans Van Helsing avec Hugh Jackman !).
Bien entendu, Dracula Untold n’est pas un chef d’œuvre, et moult détails sont assez consternants (c’est visuellement assez moche, on a affaire à un tractopelle de cliché, des répliques pas forcément bien senties, ça manque cruellement de sang…), mais le plus gros de tous réside dans cette réalisation tout bonnement médiocre. L’action se passe forcément de nuit (vampire, tout ça…), mais en plus d’avoir une image bien trop sombre, on retient surtout cet insupportable Greengrass-style, où la caméra s’excite dès que l’action commence, et nous oblige à deviner les coups que porte le héros à ses ennemis. C’est franchement dommage, car chaque moment de bravoure est plutôt bien amené, et a son utilité.
Quant à la fin, il est clairement montré qu’Universal débute leur Avengers des monstres. Pas de caméo d’une momie ou de Frankenstein, mais une tête pensante qui va bientôt activer ce barouf pour le moins… bizarre, avec une réplique qu’on qualifiera simplement de « consternante ».
Pour Les Flemmards : Un Dracula très Marvelien plutôt sympathique, porté par un bon Luke Evans, mais au visuel moche, pas sanglant et filmé avec les pieds.