Après avoir vu La Belle et la Bête, version Disney 2017, et ayant ressenti une réelle déception, je me suis dis qu'il fallait revoir mes classiques, pour mieux comprendre et faire le tri.
C'est ce que j'ai fait.
J'ai revu l'oeuvre de Jean Cocteau, puis le film d'animation de Disney, et enfin la nouvelle version française de cette histoire, datant de 2014, avec Vincent Cassel et Léa Seydoux.
Version que j'avais vu au cinéma à l'époque, mais qui m'avait, aussi, hélas, relativement déplu.
Cependant, après avoir découvert la version 2017 de Disney, j'ai clairement vu d'un autre oeil cette version de 2014.
Premier point: le film de Gans tend réellement à adapter, avec une mythologie affirmée, l’œuvre intemporelle de Mme Leprince de Beaumont et marche dans les pas de son prédécesseur mis en boite par Cocteau. C'est donc en ayant vu le film de Cocteau, qu'on peut vraiment apprécier cette version 2014 et comprendre à quel point cette vision est proche de l'histoire originale. Ce qui est loin d'être le cas pour les versions Disney, mais c'est leur marque de fabrique.
Deuxième point: l'esthétique du film. Quand je pense que les spectateurs trouvent l'esthétique de La Belle et la Bête 2017 grandiose et sans rivales... Clairement, non. Les effets spéciaux de la version Disney sont sans grands intérêts, si ce n'est moches en 2D et donc impossible à regarder chez soit.
En revanche, la version française de 2014 a plus d'un atout dans sa manche. Les décors, les plans simples, posés tels des tableaux, des couleurs forcées, des contrastes saisissants, une esthétique qui n'est pas sans rappeler les films de Tim Burton, notamment Alice aux Pays des Merveilles.
Troisième point: les acteurs.
Vincent Cassel en Bête, bestiale, sanguinaire, violente, terrifiante et au regard glacé, est particulièrement envoutant. Son allure humaine est son principale défaut. La dessus, Disney, dans sa version 2017, marque un point non négligeable: la bête a réellement l'air d'un animal mythologique tout droit sorti de son labyrinthe. Cependant, c'est le seul point en faveur des américains. Car la bête version Disney n'a rien de terrifiant. Cassel, lui, réussit à insuffler une âme dangereuse à la bête, et ça, c'est très important.
Léa Seydoux en Belle, est étrange. Je ne suis pas une fan de cette actrice qui me parait toujours trop... Froide et condescendante, quoi qu'elle joue. Même si elle joue bien son rôle. Faut le reconnaitre. Et qu'elle est belle. Ca aussi faut le reconnaitre. Seulement, sa froideur et sa distance, font qu'on a du mal à s'attacher à elle. Pour le coup, Emma Watson, dans ce film là, celui de 2014, aurait été parfaite. Plutôt que dans celui de 2017 où son talent est totalement gâché.
Bon, maintenant, pourquoi n'est ce pas un Chef d'oeuvre?
Et bien, comme beaucoup l'ont très justement fait remarquer avant moi, parce qu'il n'y a pas d'histoire d'amour, tout simplement. Ou parce qu'elle est impossible à croire.
L'interraction étant inexistante entre la Belle et la Bête, tout au long du film, sans compter les repas où ils se disputent, et la danse, certes belle, mais qui finit particulièrement mal, on se demande franchement comment ces deux là tombent amoureux.
Alors, bien sûr, on nous sert l'idée sur un plateau où la Bête dévore un animal mort, et offre son plus beau sourire plein de crocs ensanglantés à une Belle terrifiée, qui s'enfuit, sur un lac gelé, mais qui se fait rattraper par la Bête, qui lui demande si, après avoir vu ce qu'elle était vraiment, la Belle pourrait peut être commencer à l'aimer maintenant (nom de nom!), mais patatra, le lac se brise, la Belle coule, mais la Bête la rattrape et la sauve (ouh la brave bête), puis la ramène au chaud dans son lit, et là! Bim! La Belle se réveille, la bouche en coeur et des étoiles dans les yeux! Dingue non?
Un élément fondamental réduit à peau de chagrin.
Sans compter le final, où la Bête est jetée comme un gros sac dans une eau magique pour être ramenée parmi vivants, devant une Belle aussi froide que la neige en hiver. Même si le plan est magnifique, visuellement parlant, il n'y a strictement aucune émotion.
Et c'est là, le point noir des deux dernières adaptations "live" de la Belle et la Bête. Autant celle de 2014 que celle de 2017, leur principale faiblesse, réside dans l'absence de l'émotion ultime: l'amour.
Ce qui est un comble, pour un conte de fée, qui se veut être la plus belle histoire d'amour jamais racontée.
Malgré tout, après avoir vu tous les films de La Belle et la Bête qui existent à l'heure d'aujourd'hui, en ce 4 avril 2017: ma préférence reste au film d'animation Disney de 1992 et à la version française filmée de 2014.