Le dernier film de Christophe Gans, en forme d’esbroufe, plaira sans doute d’avantage aux enfants qu’aux plus grands. Enième relecture du célèbre conte de la belle et la bête, dont la liste des productions est notamment garnie de l’excellent film d’animation de Disney, celui-ci n’apporte strictement rien si ce n’est la confirmation de la nonchalance d’un réalisateur pourtant sensiblement inspiré de gothisme. Kitsch, maladroit et à peine tristounet, La Belle et la Bête, version française 2014, oui une version US pourrait bientôt débarquer, est une arnaque à la consommation, un film fantastique expédié dans le simple espoir de faire des rentrées. Alors que Gans accumule les artifices visuels, les décors pompeux, aucune magie ne transparaît réellement à l’écran, un comble lorsque l’on met en scène un tel récit.
Platitude au menu, facilité dans la narration et final complètement raté, que reste t-il donc à prendre sur cette adaptation? Pas grand-chose. A dire vrai, même Vincent Cassel, pourtant gage d’une certaine qualité, fait pâle figure dans ce foutraque simulacre de romantisme médiéval et gothique. Oui, l’acteur que l’on espérait d’avantage présent ne fait finalement que s’illustrer comme étant le dernier des ahuris lorsqu’il ne porte pas le masque et ne prêtant qu’accessoirement sa voix à une Bête complètement désuète et ratée, esthétiquement parlant. Cette Bête n’effraiera ni les enfants ni n’impressionnera les adeptes du conte. Quant à Léa Seydoux, miss Palme d’or conjointe 2013, celle-ci n’enchaîne que les séquences insipides en tortillant ses atouts enrobés de robes plus kitsch et improbables les unes que les autres. Même André Dussollier, le vétéran, semble à coté de ses pompes, et là, je ne parle même pas des méchants bandits futiles pour l’occasion. En gros, la direction d’acteur étant inexistante, chacun surjoue façon théâtre.
Un échec à bien des égards, ce Belle et la Bête s’affiche également comme un échantillon de ce qu’il ne faut pas faire visuellement au cinéma en 2014. Oui, si Christophe Gans voit grand, s’il est inspiré esthétiquement, sa mise en valeur du domaine de la Bête étant bien pensée, l’équipe technique derrière lui ne suit pas le mouvement. D’avantage démonstratif de ce que pourrait donner un jeu vidéo Next Gen que de ce qui se fait vraiment de bien au cinéma au niveau CGI, le film ne fait qu’enchaîner les plans foireux, pourtant à fort potentiel. Tant et si bien que les effets visuels tirent souvent vers le médiocre. Le cinéma hexagonal, au vu de tels productions, marque clairement le pas sur les américains, incontestablement plus riches en moyens mais aussi nettement plus inspirés dans la débrouillardise et dans l’application. Lorsque l’on présume ne pas pouvoir rendre l’image attirante, il conviendrait plutôt de s’en dispenser et d’orienter le film vers une dimension plus sombre, plus terre-à-terre. Ce n’est pas le cas ici.
S’il n’est pourtant pas un film détestable, quelques séquences sont amusantes, ce nouvel opus du célèbre conte nous coupe l’envie de retrouver Christophe Gans de sitôt. En effet, voilà donc le plus mauvais film dans la filmographie d’un cinéaste déjà peu emballant. Le Pacte des loups avait ses charmes, celui-ci n’en a absolument aucun, ou presque. Si vous pensiez vous divertir en vous soumettant au bon souvenir du dessin animé Disney, si vous pensiez revivre la magie, dispensez-vous l’effort, cela n’en vaut pas du tout la peine. 03/20