Bullet Ballet est, au début, un film un peu plus accessible du réalisateur que Tetsuo, mais finalement, on se retrouve avec le même genre de film.
Formellement, on aime ou on n’aime pas, mais il y a une certaine recherche. On reste dans la veine Tetsuo (noir et blanc, musique et ambiance industrielle…), mais c’est un peu plus abouti, moins expérimental, notamment dans la mise en scène plus lisible et dans la forme moins « rugueuse ». Le film fait montre d’une certaine inventivité, mais on peut se demander l’intérêt pour le réalisateur de renouveler l’expérience Tetsuo tout en se la jouant moins radical. Globalement, c’est assez spécial, il faudra apprécier.
Le scénario est assez clair au début, puis au fur et à mesure le film tend à se complexifier jusqu’à ne pas être franchement clair dans son dénouement. Le film mise plus sur l’expérience vécue que sur la qualité scénaristique, laquelle tient sur un post-it. Le métrage est court et se laisse étrangement suivre malgré ses méandres, ses silences, sa dimension expérimentale souvent palpable. L’ensemble dégage une certaine poésie, du mystère, une ambiance volontiers onirique, qui permettent de passer outre le caractère brouillon qui s’installe par moment.
Le casting est composé du réalisateur dans la peau du héros (il joue souvent dans ses propres films), qui s’est entouré d’une galerie d’interprètes intéressante, avec notamment l’étrange Kirina Mano, qui joue beaucoup de son physique singulier. Les personnages n’ont pas vraiment de relief, comme dans bien des films aux limites de l’expérimental, mais les acteurs ont assez de présence, de force de jeu, pour faire oublier relativement ces faiblesses.
Finalement, Bullet Ballet est un métrage un peu plus abouti que Tetsuo, et qui tout en gardant un caractère expérimental assez fort parvient à se démarquer un peu et à satisfaire un public plus large. Tsukamoto a gagné en expérience, et si l’on peut s’interroger sur ses choix, ce film me paraît être un témoignage de prise de maturité pour le réalisateur. 3