Petite surprise! Joseph Gordon-Levitt s'en sort avec les honneurs franchement avec un sujet pourtant assez casse-gueule et osé! Bravo à lui, non seulement d'avoir tenté un tel sujet pour une première réalisation, mais aussi d'avoir joué ce connard prétentieux (n'ayant pas peur des mots!). J'aimais déjà l'acteur, ses choix, son jeu souvent fin, mais, maintenant j'aime aussi le réalisateur, ses prises de risque et ses idées (et valeurs!). Rien que pour ça, je dit chapeau l'artiste et continuez! Pourtant, tout pourrait commencer mal avec une mise en place plutôt consternante d'un personnage qui l'est tout autant : des images de porno (mais ça, c'est le thème même du film donc, pas de surprise), de gonflette, de baise rapide. Voilà pour la présentation. Puis, peu à peu, on se prend d'affection pour cet homme justement, perdu dans ses stéréotypes et éducatifs : quand on voit son "merveilleux" père (superbement joué par le trop rare Tony Danza, vraiment encore bien fait à son âge, soit dit en passant! Double merci à Joseph pour ce choix, et d'ailleurs l'ensemble de son casting, impec - ahhhh la soeur du héros : le rôle de sa vie, à mourir de rire. Chaque scène est faite avec un portable à la main, c'est juste grandiose et quand enfin elle parle...tout est dit alors!). Bref... en même temps que ce personnage évolue et comprend le sens des relations amoureuses (humaines), le spectateur (on va dire plus éclairé que lui...j'espère!) évolue aussi avec lui, se pose des questions, a envie de lui prendre la main vers la vraie vie (ce que fait le personnage joué avec grâce et finesse par Julianne Moore enfin calme - ouf - dans un rôle!). Ce qui m'a surprise dans le jeu de Gordon-Levitt c'est qu'il arrive à faire oublier sa tête de "jeune premier-poupon" pour devenir ce mec odieux, musclé comme il faut (trop même!) et porté sur le vide machiste. Et autre surprise, c'est de retrouver cet air enfantin attachant quand il découvre l'amour et par là, lui-même. Le changement est donc intéressant, sincère et touchant au final. Mention très spéciale à Scarlette Johansson qui joue à la perfection la gagole, maîtresse femme (donc pas si conne!), qui cache en fait une femme sure d'elle et de ses idéaux "machistes" aussi. Le sujet du film prend d'ailleurs ici de l'ampleur avec cette opposition des 2 personnages, soit disant en train de vivre l'amour absolu, mais fait de clichés, d'ambitions personnelles (pour elle), de valeurs stéréotypées enracinées par les médias, les films, la société. C'est ici le véritable sujet du film (et double bravo pour Gordon encore!) : comment nous vivons dans une société qui nous véhicule des messages codifiés en permanence. Tout nous est accessible, à profusion, à fortes doses, qu'on ne sait plus en laisser de côté, on avale on avale on avale... dans tous les sens du terme (!) et on fonce aveuglément dans ce qui n'est pas notre vie au final. On fait. On ne pense plus par nous mêmes. Petite critique aussi bienvenue contre l'église, "réparateur des âmes" en rien au final. C'est simple mais ça fait mouche. Merci. Bien sur, des bémols avec des facilités et des clichés : ahhh le père machiste qui fait un... fils machiste accro au porno! La maman limite conne, avilie par son con de mari, qui fait...un fils machiste accro au porno ; ou, l'âme soeur plus âgée qui va lui expliquer la vie ("le porno à haute dose c'est pas bien, il faut donner et recevoir pour aimer") mais ce n'est rien au final, rien qui gâche le reste car ces "stéréotypes" sont aussi des paradoxes dont se nourrit le film pour avancer et justement véhiculer un joli message de prise de conscience d'un jeune homme assez paumé au final dans une société de consommation. C'est plutôt frais, drôle, sincère (chose rare!), culotté, pas niais du tout : oui l'amour nous sauvera ! Je recommande vivement.