Attention, spoilers.
Joseph Gordon-Levitt est un acteur qui monte. Il s'est d'abord fait remarquer dans Mysterious Skin de Gregg Araki, puis dans jours ensemble, avant de rejoindre la bande Nolan en tournant dans Inception puis dans The Dark Knight Rises.
Il réalise ici son premier long-métrage qui serait une sorte de version moderne de Dom Juan. Notons au passage qu'il s'est donné le rôle principal (!).
Le film se veut résolument moderne : il nous dit dès le début qu'il ne sera pas une comédie romantique sous sa forme classique : rencontre, amour, séparation, amour à nouveau. Au moins, JGL ne mentira pas sur ça, le film verra une autre trame que celle-ci. Il se veut également moderne parce qu'au lieu de proposer deux figures très codifiées de la rom'com, il va chercher à montrer que les hommes sont à la recherche de la femme parfaite au lit (image inspirée du porno) et les femmes du prince charmant (image sortie tout droit des films sentimentaux) mais qu'en fait cela n'existe pas "en vrai". Cette idée n'a rien de bien nouvelle, mais elle a le mérite d'être intéressante, de voir que JGL et Johansson sont toujours en décalage de ce qu'ils cherchent l'un par rapport à l'autre.
Le problème c'est que le film ne marche pas. Pour son premier film, JGL a opté pour quelque chose qui se voudrait archi coupé, pour ne pas dire clipesque. Au final, on a plus droit à des plans isolés les uns aux autres plus qu'à des plans reliés qui, le tout, formeraient une scène cohérente. Ici c'est 5 secondes de JGL qui fait son ménage. 5 secondes de JGL ensuite qui est avec Scarlett. 5 secondes de JGL qui est devant son pc. Etc.
Le problème aussi, vient du casting. Malgré mes réticences quant au fait de voir JGL jouer le premier rôle, c'est le meilleur des trois. J'aime beaucoup Julianne Moore mais elle n'est pas du tout crédible dans le film, on a bien du mal à croire en son histoire avec JGL. Quant à Johansson, elle n'a plus aucun charme ni aucune grâce, je ne peux pas dire qu'elle soit moche, ce serait mentir, mais elle oscille régulièrement entre la vulgarité et le désintérêt complet.
Tout ceci serait, à la limite, acceptable et pardonnable (surtout pour un premier film), si JGL ne nous servait pas une morale bien pesante. L'un dans l'autre, notre personnage principal va découvrir que pour arrêter le porno il va non seulement devoir trouver une petite amie (mais là n'est pas la seule condition) mais aussi faire l'amour de façon "réciproque", se faisant plaisir lui, mais aussi faisant plaisir à la fille. C'est plutôt insupportable et gratiné comme moral. J'aurais aimé une touche plus humoristique de la part de JGL, son film aurait pu se terminer sur "mais j'ai pas complètement abandonné le porno pour autant". Du coup son film qui se voulait moderne et osé se termine par une morale gratinée.