Mario Mercier mène depuis plusieurs décennies une vie de chaman/écrivain spirituel, ce qui signifiait, dans les années 70, qu’il était un allumé hippie adepte de l’herbe et des champis hallucinogènes. Et ça tombe en pleine période où il envisage une carrière de réalisateur et nous sert quelques films, dont son plus célèbre et cette Papesse. Produit par le producteur de Claude Chabrol, servi par le compositeur des Melville, de la monteuse de Blier, tout ça démontre les incroyables années qu’étaient la décennie 70 où de vrais pros pouvaient bosser sur un projet aussi inénarrable que ce film ! Le métrage est un ratage sévère, et c’est presque dommage. Presque, car on sent le côté réaliste de la secte. Cette communauté hippie/sadomaso, visiblement la plupart des seconds rôles devaient bien connaître, et j’ai presque envie de dire, des premiers rôles aussi (sans parler du réalisateur/scénariste), car étrangement, ça a un côté authentique. Les allumés ont l’air de vrais allumés, les situations semblent pouvoir être crédibles, l’endoctrinement très sérieux et pourtant ridicule quand on le regarde de l’extérieur aussi, vraiment, je pense qu’en terme de plongée dans la vie d’un groupe sectaire radical on est pas loin du vrai. Pourtant, cela ne suffit pas à sauver le film. Assez proche du style de Jean Rollin, le film en a les défauts ordinaires : des dialogues surécrits, pompeux et souvent ridicules, débités sans conviction par des acteurs hyper théâtraux et pas bons du tout. Le seul qui surnage un peu c’est Mathias von Huppert, qui joue de façon plus naturel et a un personnage étrangement plus fouillé que les rôles principaux ! Le scénario, s’il bénéficie comme je l’ai dit d’un style quasi documentaire appréciable, s’avère d’une lenteur improbable. Le film dure 1 heure 30 et il est soporifique, et ce, malgré son accumulation de pseudo scènes choc. La raison ? L’intrigue est inexistante, comme les personnages sont mauvais, on s’en fiche, et vraiment on se moque rapidement de là où le film veut nous mener. Il nous mène pas bien loin d’ailleurs. Accumulation de viols, de tortures sm, de dialogues pseudo-philosophiques et de délires pseudo-païens, La Papesse aurait mérité une vraie intrigue et une vraie écriture, ce qu’il n’a pas.
Visuellement, c’est fauché. Costumes risibles, tournage en décor naturel pas cher, photographie grise très vilaine, il subsiste quand même quelques effets sanglants pas trop mal fichus. On notera aussi que si le film est fauché et que cela n’est pas un atout véritable, ça renforce quand même l’ancrage réaliste et un peu crade du film. La mise en scène est aussi lente et maladroite que du Jean Rollin. Même la bande son est peu enthousiasmante, hormis lors de l’ouverture et de la conclusion. Quel dommage de ne pas avoir mieux mis à contribution un compositeur de talent.
Est-ce que je vous invite à découvrir La Papesse ? Non. Malheureusement, le film se veut très trash, mais il ressemble aujourd’hui à un gros nanar et même, par ses lenteurs et ses acteurs en roue libre, à un navet. Ennuyeux, sans enjeu, lent et fauché, il se laisse regarder d’un œil très distrait. Si l’on pourra apprécier davantage encore de nos jours le ton totalement borderline d’un grand nombre de scènes, prompt à faire bondir les progressistes de leur fauteuil, force est de constater que le produit est quasi amateur et que ce n’est pas un grand moment de cinéma. 1.5