Film-choc dès sa mise en chantier, Welcome to New York dépeint le fameux fait divers qui a bousculé l'univers politique français en 2011 lorsque le patron du Fonds Monétaire International Dominique Strauss-Khan est retenu prisonnier à New York pour tentative de viol sur une femme de chambre de l'hôtel où il séjourna. Faire un biopic sur un tel acte est impossible. Mais quand le film est réalisé par Abel Ferrara, on se dit que le metteur en scène américain va pas prendre des pincettes, car ce n'est pas pas en changeant quelques noms que le film trompera les spectateurs : Welcome to New York parle de l'affaire DSK, c'est comme ça, c'est foutrement osé, incroyablement irrévérencieux et c'est finalement du Ferrara tout craché... Œuvre de "fiction" oblige, le long-métrage se penche sur ce qui s'est passé mais d'un point de vue purement subjectif, comme s'il présentait le fait divers d'une manière presque personnelle. Incarné par Gérard Depardieu, DSK (ou Georges Devereaux dans le film) est un homme dépeint comme sale, obscène, un obsédé sexuel qui baise dès qu'il peut ou qui, s'il n'en a pas le temps, en parle même à un repas avec sa fille et son nouveau petit ami. Bref, c'est un mec dégueulasse, haïssable au possible, une ordure, un menteur, un connard fini, antisémite de surcroît, l'antipathie faite homme. Dès lors, pour Ferrara et son film, ça passe ou ça casse : soit on se prend au jeu en se disant que Welcome to New York est plus une parodie qu'un véritable biopic à peine maquillé, soit on tombe dans le panneau et on crie forcément au scandale, à l'infamie, au grand n'importe quoi. Techniquement, le film semble bâclé, tourné à la va-vite avec beaucoup d'improvisation (Depardieu est en totale roue libre, incarnant avec le plus de mépris possible un personnage qu'il n'aimait pas à la base). La photographie semble amatrice, certaines séquences frôlent le ridicule (la tentative de viol, le repas au restau...), l'interprétation est parfois limite et la gratuité de la violence graphique est souvent exagérée. Mais c'est peut-être pour ça que le film est intéressant : boursouflé de toutes parts, subversif jusqu'à la moelle, ringard par moment mais toujours dans une volonté de justesse saisissante, Welcome to New York possède de nombreux défauts mais arrive à nous bluffer par son parti-pris extrême et ce Gérard Depardieu qu'on a rarement autant vu investi, se mettant (littéralement) à nu pour un film violent, à ne pas mettre devant tous les yeux, qui choque pour choquer mais qui a le mérite de proposer du cinéma, certes maladroit et très vulgaire, mais tout de même du cinéma.